Bruxelles et Londres pourraient recevoir un dirigeant du Xinjiang, où la Chine commet des “crimes contre l’humanité”, selon l’Onu
Erkin Tuniyaz, gouverneur du Xinjiang, devrait prochainement rencontrer des responsables britanniques. Les Européens évaluent la question. Choqué, le député Samuel Cogolati aimerait connaître les intentions du gouvernement belge.
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- Publié le 09-02-2023 à 19h36
- Mis à jour le 09-02-2023 à 20h16
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Sanctionné par les États-Unis pour son soutien à la répression du peuple ouïghour, Erkin Tuniyaz est attendu prochainement à Londres et à Bruxelles pour “discuter de la situation au Xinjiang” avec des responsables britanniques - et peut-être européens, à l'invitation de la mission de Chine auprès de l'Union.
Cette possible visite du gouverneur de la Région autonome ouïghoure, révélée par The Guardian mercredi et relayée par Politico jeudi, a suscité l’émoi du député écologiste belge, Samuel Cogolati, qui avait été sanctionné par le régime chinois en 2021. “Bien qu’il soit important de garder le canal diplomatique ouvert avec la Chine sur les questions de climat et de paix, il est politiquement inacceptable de tolérer une telle visite officielle sur le sol belge, six mois à peine après la publication du rapport de l’Onu sur les crimes contre l’humanité au Xinjiang, de quelqu’un qui est personnellement et directement impliqué dans la construction de camps de concentration pour Ouïghours”, a-t-il écrit jeudi dans une question orale à la ministre belge des Affaires étrangères, Hadja Lahbib. D'autant que, pour rappel, la Chambre avait reconnu en 2021 un “risque sérieux de génocide” commis par les autorités communistes chinoises au Xinjiang.
"Quelles poursuites ?"
Entre autres questions posées à la cheffe de la diplomatie, le député, vice-président de la commission des relations extérieures, a demandé des détails sur cette visite d’Erkin Tuniyaz “sur notre territoire entre les 19 et 21 février” ainsi que sur la position de la Belgique à son endroit. “Quelles seront les poursuites juridiques engagées à son égard par notre gouvernement ?”, a-t-il interrogé. “Notre gouvernement commettrait aujourd’hui une faute morale et juridique à dérouler le tapis rouge pour l’un des auteurs principaux de ces crimes.”
Les élus britanniques, membres de l’Alliance interparlementaire sur la Chine (Ipac), se sont dits choqués également qu’Erkin Tuniyaz puisse être reçu par le ministère des Affaires étrangères. Bien que le Foreign Office voie dans cette rencontre une occasion de dénoncer les crimes commis contre les Ouïghours, tout en dialoguant avec les dirigeants communistes chinois, ces parlementaires ont réclamé du gouvernement qu’il annule la visite, une “erreur de jugement (...) blessante” pour les victimes. Il est à leurs yeux “incompréhensible” qu’on puisse “penser au sein du gouvernement qu’il est approprié de rencontrer quelqu’un qui a joué un rôle central dans la persécution des Ouïghours – des crimes que notre propre parlement a qualifiés de génocide”.