Un tract antisémite met le feu au gouvernement bavarois : "Il n’y a pas de place pour les antisémites en politique"
Le ministre bavarois de l’Économie, Hubert Aiwanger, est soupçonné d’avoir rédigé un tract antisémitisme quand il était adolescent. Une affaire embarrassante pour ses partenaires chrétiens-démocrates.
- Publié le 29-08-2023 à 17h21
- Mis à jour le 29-08-2023 à 17h26
:focal(3195x2137:3205x2127)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/EG7IZHSWXVBMBMQWZODLCX47IM.jpg)
Markus Söder se serait bien passé de ce scandale. À six semaines des élections régionales, le ministre-Président de Bavière, chef de l’Union chrétienne sociale (CSU) est affaibli par une affaire qui touche son ministre de l’Économie, Hubert Aiwanger, leader du parti des Électeurs libres (Freie Wähler) avec qui il gouverne depuis 2018. Ce dernier est mis en cause pour antisémitisme à l’époque où il était lycéen. L’affaire remonterait en effet à l’année scolaire 1987-1988, selon le quotidien Süddeutsche Zeitung, à l’origine de ces révélations. Hubert Aiwanger, alors élève de première, a été sanctionné par son établissement pour des tracts antisémites découverts dans son cartable. Selon des sources anonymes, il aurait lui-même rédigé ce texte appelant à une “compétition nationale” pour trouver le “meilleur traître à la patrie”. La récompense : “un vol libre à travers les cheminées d’Auschwitz”.
Si les faits remontent à plus de trente ans, l’accusation est grave dans un pays responsable de la Shoah et où, comme le déclarait cette semaine la présidente du Parlement bavarois, “ce que vous pensez du national-socialisme et de l’holocauste est un test décisif pour tout démocrate”. Même le chancelier Olaf Scholz a réagi en rappelant qu' “il n’y a pas de place pour les antisémites en politique”. L’intéressé, lui, nie avoir rédigé ce tract mais convient “en avoir eu quelques exemplaires”, sans se souvenir s’il les a distribués ou pas. La paternité du texte “répugnant” et “inhumain” reviendrait à son frère, comme ce dernier en a fait les aveux, se défend-il.
Un parti pivot à l’approche d’une échéance électorale
Cette affaire fragilise évidemment en première ligne ce parti des Freie Wähler, devenu une pièce centrale de la politique bavaroise. “C’est un parti très actif au niveau régional et communal qui se voit comme un concurrent de la CSU même si, sur le fond, ces deux formations ne sont pas très différentes”, constate le politologue Tilman Mayer. “Ces derniers temps, Hubert Aiwanger a pris des tonalités plus populistes pour attirer les électeurs de l’AfD (parti d’extrême droite, NdlR), mais avec une différence notable : Aiwanger n’est pas radical et n’est pas dans le viseur des services de renseignements”, note encore le politologue.
Cette affaire de tracts pourrait-elle changer la donne en la matière ? La question se pose. Pour le ministre-Président de Bavière, le chrétien-démocrate Markus Söder, elle arrive en tout cas à un très mauvais moment, alors qu’il remet son mandat en jeu et qu’il ne cache pas vouloir continuer à travailler avec son partenaire actuel de coalition. Ce mardi, il a donc convoqué Hubert Aiwanger à une réunion de crise et lui a fourni une liste de 25 questions auxquelles il devra répondre “très rapidement”, regrettant “les dégâts causés sur l’image de la Bavière”.
Les conséquences électorales pourraient être de taille pour la CSU. Certes crédité de 38 % des intentions de vote pour le scrutin du 8 octobre, le parti pourrait être contraint de trouver un nouveau partenaire de coalition. Une défaite des Électeurs libres pourrait l’obliger à se tourner vers les écologistes. Un cauchemar pour Markus Söder, qui a fait des Verts ses principaux adversaires politiques.