Charles III en France, une visite royale sous le signe du réchauffement :“Le roi ne peut pas le dire, mais je suis convaincue qu’il est proeuropéen"
Le souverain britannique et son épouse entament ce mercredi une visite d’État de trois jours en France. Après des années de tensions politiques entre les deux pays, les relations sont aujourd’hui apaisées. Au menu des discussions, notamment : le dérèglement climatique.
- Publié le 19-09-2023 à 18h04
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Cette fois-ci, c’est la bonne. Le roi Charles III et la reine Camilla débarquent ce mercredi en France, à Paris, pour une visite d’État de trois jours, alors que l’Hexagone vit au rythme de la Coupe du monde de rugby, sport populaire de part et d’autre de la Manche.
Programmée dans un premier temps au début du printemps, la visite royale avait dû être reportée. En cause : la mobilisation et des manifestations contre la réforme des retraites. La France devait être la première visite d’État de Charles III. C’est finalement l’Allemagne qui a eu cet honneur.
Pour Sylvie Bermann, ambassadrice de France au Royaume-Uni entre 2014 et 2017, administratrice auprès de l’Institut Jacques Delors, et autrice de Madame l’ambassadeur (Éditions Tallandier, 2022), le choix des premières destinations du couple royal n’est pas anodin. “Le roi Charles III ne peut pas le dire, mais je suis convaincue qu’il est profondément proeuropéen. Il ne peut pas donner son avis sur le Brexit non plus, mais je pense qu’il souhaite un rapprochement avec l’Union européenne et donc ses deux principaux pays, que sont la France et l’Allemagne. Il doit être également heureux que les relations se réchauffent entre la France et le Royaume-Uni. ”
Des années marquées par de nombreux sujets de discorde
Ces dernières années ont été marquées par de vives tensions entre les deux pays. Les sujets de discorde ont été nombreux, dont le Brexit et ses conséquences. La problématique des droits de pêche dans la Manche a notamment fait l’objet de crispations franco-britanniques. La question migratoire a également été un sujet de conflit récurrent. La France n’a, en outre, pas apprécié – et c’est un euphémisme – l’intervention en sous-marin de l’ancien Premier ministre Boris Johnson, en 2021, pour torpiller un important contrat de vente de submersibles français à l’Australie. Pour la diplomatie française et son ministre d’alors, Jean-Yves Le Drian, il s’agissait là d’un “coup dans le dos”, alors que la relation entre le président Emmanuel Macron et “BoJo”, adepte du French bashing, n’était déjà pas très amicale. Quant à la locataire suivante du 10 Downing Street, l’éphémère Liz Truss, elle a refusé de dire, dans un premier temps, si le président de la République française était un ami ou un ennemi du Royaume-Uni.
La fin des hostilités et le retour de l’entente cordiale entre les deux pays se sont concrétisés avec l’accession, en octobre 2022, de Rishi Sunak au poste de Premier ministre. Il a d’ailleurs été accueilli en grande pompe par son “ami” Emmanuel Macron à l’Élysée, deux semaines avant la venue initialement programmée du couple royal au printemps. Deux saisons plus tard, et à un an des élections législatives outre-Manche, les conservateurs sont en difficulté, et c’est cette fois le chef du parti travailliste, Keir Starmer, qui a été reçu ce mardi à l’Élysée, la veille de l’arrivée du monarque britannique et de la reine Camilla.
Un programme classique avec une touche verte
À Paris, ce mercredi, le programme du couple royal est des plus classiques, avec quelques passages obligés. Entre une cérémonie du souvenir à l’Arc de triomphe et un banquet d’État dans la galerie des Glaces du château de Versailles, Emmanuel Macron et Charles III s’entretiendront en tête-à-tête. Ils doivent évoquer des sujets d’actualité, dont la guerre en Ukraine et la situation au Sahel. Jeudi, après avoir prononcé un discours devant les députés et les sénateurs au Palais du Luxembourg, le roi Charles III se rendra avec son épouse à la cathédrale Notre-Dame de Paris, en compagnie du couple présidentiel, où ils échangeront avec l’équipe de restauration de l’édifice endommagé par un incendie en 2019.
Vendredi, ils prendront la direction de Bordeaux. Ils iront à la rencontre de pompiers ayant combattu les violents incendies de l’été 2022 et ils visiteront un vignoble bio. “Charles III éprouve un réel intérêt pour des sujets de fond et en particulier l’écologie, le climat, la protection de l’environnement, l’agriculture, la biodiversité… Le réchauffement climatique l’a très vite inquiété. C’était un précurseur, et il a d’ailleurs été moqué pour cela”, glisse Sylvie Bermann.
Ce n’est bien sûr pas la première visite de Charles III en France. Il en a déjà effectué 34, en tant que prince de Galles. Il s’exprime d’ailleurs parfaitement en français, comme sa mère, la reine Elizabeth II. Son premier voyage dans l’Hexagone date de 1968. Alors âgé de 19 ans, l’héritier du trône d’Angleterre avait visité des sites préhistoriques en Dordogne, deuxième département français le plus peuplé par des Britanniques, après Paris.