En Egypte, Al Sissi n'est pas "inquiet" de la contestation
Des manifestations monstres sont prévues ce vendredi contre le chef de l'Etat, accusé de corruption et de dépenses somptuaires.
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Publié le 27-09-2019 à 14h08 - Mis à jour le 27-09-2019 à 14h10
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Il n'y a "aucune raison de s'inquiéter" au sujet des possibles manifestations prévues ce vendredi contre le pouvoir en Egypte, a estimé le président Abdel Fattah al Sissi. "L'Egypte est un pays fort grâce aux Égyptiens", a-t-il déclaré ce matin peu après son retour des Etats-Unis, où il a participé à l'Assemblée générale des Nations unies, selon les images diffusées par la télévision d'Etat. Le Président, aux commandes depuis l'été 2013 du plus grand pays arabe par sa population, est accusé de corruption et de dépenses somptuaires avec de l'argent public, des allégations très mal perçues dans la population alors qu'un tiers des Egyptiens se trouve sous le seuil de pauvreté.
"L'affaire ne mérite pas tout ça! Il y a une tentative pour créer une image qui n'est absolument pas réelle" de ce qui se passe dans le pays. "N'écoutez pas ce qu'ils disent! Ne les croyez pas!", a encore dit le président concernant ces accusations lancées par un homme d'affaires dans une série de vidéos publiées début septembre sur Facebook.
Une "marche du million"
Suite aux manifestations du week-end dernier contre le pouvoir d'al Sissi, les autorités cherchent à garder le contrôle et éviter tout débordement. Malgré l'interdiction de toute manifestation contre le pouvoir, des rassemblements spontanés de plusieurs centaines de personnes s'étaient formés, aux cris de "Sissi dégage", dans plusieurs villes du pays, dont Suez, Alexandrie et Le Caire. Depuis lors, les forces de l'ordre ont arrêté plus de 2000 personnes, dont des militants, des journalistes, des intellectuels, selon Human Rights Watch et des organisations locales de défense des droits de l'homme. Une répression qui a probablement pour objet de dissuader les Egyptiens de se réunir en masse ce vendredi.
Des messages se sont multipliés cette semaine sur Internet pour organiser une "marche du million" (de participants), à laquelle a appelé l'homme d'affaires égyptien Mohamed Aly, à l'origine des accusations de corruption et de gaspillage d'argent public. Cet entrepreneur, en délicatesse avec l'Etat suite à plusieurs chantier menés pour le compte de celui-ci, vit aujourd'hui en exil. Dans ses vidéos, M. Aly a affirmé que des millions de livres égyptiennes de fonds publics ont été utilisés dans des projets inutiles et des palais présidentiels. "Mensonges et calomnies", avait rétorqué mi-septembre M. Sissi, niant en bloc les accusations de corruption et affirmant qu'il construisait des palais non pour lui-même mais pour l'Egypte.
Ce vendredi matin, tous les accès à la place Tahrir, célèbre pour avoir été l'épicentre de la révolution de 2011 contre le régime de Hosni Moubarak, étaient fermés à la circulation, mais pas aux piétons, a constaté un journaliste de l'AFP.