Les services de sécurité congolais impliqués dans l’assassinat de Zaïda Catalan?
Le Premier ministre Sylvestre Ilunga n’a pas nié ces faits lors de son entretien avec le ministre suédois de la Coopération.
Publié le 28-11-2019 à 10h32
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Le Premier ministre Sylvestre Ilunga n’a pas nié ces faits lors de son entretien avec le ministre suédois de la Coopération. Le Premier ministre congolais Sylvestre Ilunga n’a pas nié que les services de sécurité de la République démocratique du Congo (RDC) ont pu être impliqués dans l’assassinat des deux experts de l’Onu, la Suédoise Zaïda Catalan et l’Américain Michael Sharp en mars 2017 dans la province du Kasaï.
Le chef du gouvernement congolais a fait cette révélation lors de son entretien, la semaine dernière à Kinshasa, avec le ministre suédois de la Coopération internationale Peter Eriksson.
M. Eriksson a confié lundi sur la chaîne télé du grand quotidien suédois Aftonbladet "avoir eu une conversation ouverte au sujet de ces crimes non élucidés avec le dirigeant congolais. Nous lui avons exprimé le mécontentement de la Suède sur cette affaire. Et il a admis lui-même qu’elle pouvait avoir des liens avec les services de sécurité de son pays". Le ministre était interrogé à cette occasion par le journaliste d’Aftonbladet Staffan Lindberg auteur d’un livre publié en octobre et intitulé Le Meurtre de Zaïda Catalan.
Dans son enquête, le reporter a été "en contact avec un haut responsable congolais qui avait des contacts étroits avec Zaïda Catalan avant son assassinat. Cette source m’a indiqué que deux généraux congolais qui relevaient directement de l’ex-président Joseph Kabila ont ordonné ces meurtres", écrit-il, avant de poursuivre : "L’un des deux généraux travaillait alors pour la police secrète tandis que l’autre est toujours actif dans les services de renseignements militaires."
Il poursuit : "Ces deux haut gradés sont réputés pour avoir commis de graves violations des droits de l’homme pendant plusieurs années." "L’assassinat [de Zaïda Catalan] était une affaire d’État. Et les Nations unies devaient comprendre qu’ils ne devaient pas s’immiscer dans les affaires intérieures du Congo", affirme cette source dans le livre.
Stylo enregistreur secret
Staffan Lindberg est un des premiers journalistes étrangers à s’être rendus en RDC juste après le meurtre de Zaïda Catalan. Au cours de son enquête, il constate que "les enquêteurs de l’Onu et la police suédoise ont oublié un détail important : Zaïda Catalan a utilisé un stylo enregistreur secret pour rassembler des preuves contre un homme politique ayant des liens étroits avec le régime".
Son plan : introduire un infiltré équipé de ce stylo au sein des milices. "Sur les enregistrements, on entend l’infiltré parler aux chefs de milices leur demandant ‘Êtes-vous vraiment capables d’assassiner quelqu’un?’". Les miliciens, eux, "se vantent des crimes qu’ils ont commis".
Ce stylo a été remis par l’infiltré à un employé de l’Onu qui l’a fait remettre, avec les affaires personnelles de l’experte, à sa mère en Suède. Staffan Lindberg a ainsi pu retrouver le stylo et y a découvert onze fichiers audio.
Le journaliste a retrouvé aussi en Belgique, après une année de recherches, l’infiltré en question, qui avait disparu et que la rumeur donnait pour mort. "C’était la seule personne qui pouvait en toute confiance en dire plus sur le contenu et ce qui avait été enregistré dans ces fichiers", dit-il. "Beaucoup de choses indiquent que ce stylo est l’une des raisons pour lesquelles Zaïda a été enlevée et assassinée. Le régime avait peur d’elle et n’aimait pas qu’elle tente de dénoncer la corruption et les violations des lois auxquelles la population était exposée", assure l’auteur du livre. "Le régime la considérait comme dangereuse et a fini par l’assassiner. J’en suis convaincu", assure Staffan Lindberg.