Comme le Mali et le Burkina Faso, le Niger subit de plus en plus d’assauts, de plus en plus violents
La plus grave attaque islamiste a frappé mardi le Niger. "Des centaines" de djihadistes ont assailli le camp militaire d’Inates (ouest, près de la frontière malienne) avec des tirs d’artillerie et des "véhicules kamikazes". On déplore 71 militaires nigériens tués - dont une grande part dans l’explosion de dépôts de munitions et de carburant - et un nombre indéterminé de disparus.
Publié le 13-12-2019 à 08h59
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La plus grave attaque islamiste a frappé mardi le Niger. "Des centaines" de djihadistes ont assailli le camp militaire d’Inates (ouest, près de la frontière malienne) avec des tirs d’artillerie et des "véhicules kamikazes". On déplore 71 militaires nigériens tués - dont une grande part dans l’explosion de dépôts de munitions et de carburant - et un nombre indéterminé de disparus.
Cet assaut confirme la multiplication des attaques djihadistes depuis 2015 dans ce pays, comme au Burkina Faso, et l’accroissement de leur degré de préparation et de létalité. Une "contagion" venue du Mali.
Si en 2015, en effet, les attaques au Niger étaient le fait du groupe djihadiste du Nigeria Boko Haram, depuis lors elles sont revendiquées par des groupes venus du Mali, qu’ils se réclament d’Al Qaïda ou de l’État islamique.
Paris se sent seul
En réaction à l’attaque de jeudi, Paris a reporté le sommet prévu pour ce 14 décembre à Pau entre Emmanuel Macron et ses homologues de cinq pays du Sahel. Le président français comptait sommer ces derniers de prendre une position claire au sujet de la présence de soldats français dans leurs pays pour lutter contre les djihadistes. Cette présence est en effet critiquée par une partie des politiciens locaux - suivis par une partie de la société civile - qui la dénoncent comme "néocolonialiste". La goutte qui a fait déborder le vase est la mise en garde, en novembre dernier, par l’état-major burkinabè, des avions français qui survoleraient le territoire national. Si les chefs d’État sahéliens n’"assument" pas publiquement qu’ils ont demandé l’aide de l’armée française, Paris - dont une quarantaine d’hommes ont été tués au Mali - en tirera les conséquences, indiquait-on.
La France entretient depuis 2015 au Sahel la force Barkhane (4 500 soldats). Elle compte aussi des militaires dans la force onusienne Minusma (13 000 hommes) au Mali et tente de constituer une force locale avec les armées des cinq pays concernés, le G5 - en vain jusqu’ici en raison de la piètre qualité de ces armées, à l’exception de la tchadienne.
En outre, la France peine à obtenir un soutien européen et de l’Otan à son action au Sahel. La Belgique fournit un appui non combattant d’une cinquantaine d’hommes au Niger, 135 au Mali et 3 officiers de liaison pour Barkhane. L’Allemagne compte quelques centaines de non-combattants au Mali et l’Estonie 50 ; la Grande-Bretagne participe avec 3 hélicoptères Chinook.
Cette désaffection s’explique notamment par le fait que Paris décide seul ce type d’opération et demande ensuite l’appui de ses partenaires. De plus, cette prolifération djihadiste au Sahel a été déclenchée par la décision, en 2011, du président Sarkozy et du Premier ministre David Cameron de chasser Kadhafi et par le chaos libyen qui a suivi. Enfin, seuls les militaires français et britanniques (bientôt hors de l’UE ?) ont une expérience de combat.
La famine due aux déplacements
Le Niger, un des pays les plus pauvres du monde, doit aussi faire face à l’arrivée de 400 000 réfugiés du Mali et du Burkina, déplacés par les violences djihadistes. Celles-ci ont aussi entraîné un doublement du nombre de personnes ayant besoin d’une aide alimentaire au Sahel, en raison de l’impossibilité de cultiver ou récolter dans certaines zones, de 4,5 millions il y a un an à 9,4 millions cette année.Marie-France Cros