Les Européens craignent que la Libye devienne “le théâtre d’une guerre par procuration” et “une seconde Syrie”
Publié le 09-01-2020 à 07h48
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Le leader du gouvernement d’union nationale Fayez al-Sarraj se trouvait à Bruxelles mercredi.
"Il n’y a pas de solution militaire à la crise libyenne". Les Européens n’ont eu cesse de le répéter, surtout depuis que le Parlement turc a donné son feu vert vendredi à l’envoi de troupes en Libye - à la suite de l’accord militaire conclu entre Ankara et Tripoli -, une mesure qui fait craindre un embrasement du conflit libyen. Mercredi, le président du Conseil européen Charles Michel et le chef de la diplomatie européenne Josep Borrel ont eu l’occasion de le rappeler encore au dirigeant du gouvernement d’union nationale (GNA) Fayez al-Sarraj, à Bruxelles. "Ils ont discuté […] de la nécessité de cesser immédiatement les hostilités et de reprendre les négociations politiques sous la direction des Nations unies. Josep Borrell […] a souligné que […] toutes les parties devront s’asseoir autour de la table et mener un véritable dialogue politique", indique un communiqué publié à l’issue de plusieurs réunions avec M. Sarraj.
Une première discussion a réuni Charles Michel, le Haut représentant des Affaires étrangères européennes Josep Borrell et Fayez al-Sarraj, ainsi que le ministre libyen des Affaires étrangères Mohamed Taha Siala. Une réunion séparée a eu lieu conjointement avec le ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas. Selon ce dernier, les Européens craignent que la Libye devienne "le théâtre d’une guerre par procuration" et "une seconde Syrie".
Charles Michel se rendra à Istanbul et au Caire
Dans cette situation, l’Union tente de se positionner comme un médiateur, en dépit du manque d’unité des États membres quant à leur analyse et leur rôle dans la crise libyenne. Samedi, le président du Conseil européen Charles Michel se rendra à Istanbul pour s’entretenir avec le président turc Recep Tayyip Erdogan, partisan du GNA, seul gouvernement reconnu par les Nations unies. M. Erdogan a appelé mercredi à un cessez-le-feu en Libye à partir du 12 janvier, dans une déclaration commune avec son homologue russe Vladimir Poutine. Toujours mercredi, le même président turc a envoyé 35 soldats en Libye en soutien au gouvernement de Tripoli. Mais "la Turquie endossera un rôle de coordination. Les soldats ne combattront pas", a déclaré M. Erdogan cité par le journal Hurriyet.
Samedi en soirée, Charles Michel se rendra au Caire pour rencontrer le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi. Ce dernier soutient le rival de Fayez al-Sarraj, à savoir le général Haftar - qui se trouvait mercredi à Rome. La France est réputée proche de ce dernier et se voit ainsi accusée de jouer un double jeu en Libye, ce qui contribue à l’image d’une Union européenne en manque d’unité et de vision claire sur le sujet.