Coronavirus: des binationaux bloqués au Maroc au cœur d’une querelle diplomatique
Le 14 mars dernier, le Maroc a décidé de fermer ses frontières pour limiter la propagation du coronavirus en évitant l’importation de cas de l’étranger, mais en évitant aussi que des personnes quittent le territoire marocain.
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Publié le 02-04-2020 à 20h54 - Mis à jour le 06-04-2020 à 13h00
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Le 14 mars dernier, le Maroc a décidé de fermer ses frontières pour limiter la propagation du coronavirus en évitant l’importation de cas de l’étranger, mais en évitant aussi que des personnes quittent le territoire marocain.
Une décision prise dans l’urgence, alors que de nombreux touristes se trouvaient sur place. Les autorités belges ont malgré tout réussi à rapatrier plus de 1 000 personnes. Sept vols ont en effet été affrétés en urgence, au départ de Marrakech et Agadir.
Mais de nombreux Belges sont actuellement toujours bloqués dans le nord du Maroc, principalement à Tanger, Nador et Oujda. La plupart sont en fait des Belgo-Marocains. Une binationalité qui pose problème à ces citoyens qui veulent rentrer au pays, à savoir la Belgique. Sauf qu’ils sont considérés au Maroc comme des citoyens marocains, et donc soumis aux règles de confinement en vigueur dans tout le royaume, empêchant tout déplacement.
L’impression d’être "belge entre guillemets"
Une plateforme regroupant plus de 300 citoyens a été lancée pour réclamer, de la part des autorités belges, un geste envers ces binationaux. "Ces personnes sont, pour la plupart, nées en Belgique ou y vivent depuis 20, 30 ou 40 ans. D’autres sont issus de la quatrième génération d’immigrés. Ces personnes paient leurs impôts ici et sont des citoyens à part entière. Sauf qu’elles sont soumises aujourd’hui aux règles de la binationalité, qui, dans ce cas précis, est une tare. On a l’impression que ces Belges sont considérés, comme disait feue Anne-Marie Lizin, comme ‘des Belges entre guillemets’", explique Mohsin Mouedden, qui s’exprime au nom de la plateforme née sur le réseau social Facebook il y a une dizaine de jours. La plateforme a d’ailleurs multiplié les contacts auprès des autorités marocaines et belges. "Nous avons eu un échange avec M. Goffin, qui s’est montré respectueux, mais avoue ne rien pouvoir faire. La Belgique pourrait toutefois tenter de trouver un accord avec le Maroc, tout comme le Canada a réussi à le faire pour rapatrier près de 1 000 citoyens. La diplomatie peut être importante dans ce type de situation, car il s’agit d’une crise sanitaire, ce n’est donc pas le moment d’avoir une posture attentiste", explique Mohsin Mouedden.

Attention aux arnaques
Le ministre belge des Affaires étrangères, Philippe Goffin (MR), s’est expliqué à ce sujet dans les colonnes du journal Le Soir. "Le Maroc nous dit que les Belgo-Marocains sont… marocains au Maroc, et qu’ils ne sont donc pas autorisés pour le moment à voyager. Alors, certes, la convention de La Haye leur donne raison, mais cela ne nous empêche pas de plaider que le lieu habituel de résidence, le lieu affectif, constitue aussi un critère important, mais nous ne sommes pas entendus sur ce point à Rabat", y explique le ministre.
La Libre a tenté de joindre l’ambassade du Maroc à Bruxelles, mais n’a obtenu aucune réponse. Les autorités belges, pour leur part, communiquent avec ces binationaux notamment à travers leur site internet. Une mise en garde concernant les tentatives d’arnaque est également mentionnée. En effet, certains binationaux ont évoqué l’existence de vols privés leur permettant de quitter le Maroc en déboursant pas moins de 400 euros par personne. Sauf que l’espace aérien marocain est fermé, "et qu’il s’agit donc d’une arnaque", prévient l’ambassade de Belgique à Rabat. En attendant, de nombreuses familles belgo-marocaines attendent, patiemment, que leurs proches puissent rentrer rapidement et en toute sécurité.