RDC: le président de l’UDPS destitué de son poste à l’Assemblée nationale
Les députés UDPS ont tout tenté, lundi soir, pour l’empêcher - y compris en venir aux mains avec leurs adversaires - mais rien n’y a fait : Jean-Marc Kabund a Kabund, président ad interim du parti tshisekediste et premier vice-président de l’Assemblée nationale, a été destitué de ce poste par 289 voix. Il y a eu 9 abstentions et 17 voix contre.
Publié le 26-05-2020 à 20h15 - Mis à jour le 26-05-2020 à 20h16
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Des militants du parti tshisekediste ont manifesté leur colère au Katanga et au Kasaï.
Les députés UDPS ont tout tenté, lundi soir, pour l’empêcher - y compris en venir aux mains avec leurs adversaires - mais rien n’y a fait : Jean-Marc Kabund a Kabund, président ad interim du parti tshisekediste et premier vice-président de l’Assemblée nationale, a été destitué de ce poste par 289 voix. Il y a eu 9 abstentions et 17 voix contre.
Briser la coalition au pouvoir ?
L’offensive contre Jean-Marc Kabund a été lancée par un député MLC (Mouvement de libération du Congo, de Jean-Pierre Bemba ; opposition) mais a surtout été appuyée par le FCC (Front commun pour le Congo, coalition kabiliste), largement majoritaire dans les assemblées nationale et provinciales en vertu de l’accord passé en janvier 2019 entre Joseph Kabila, Président sortant, et Félix Tshisekedi. Il avait permis à ce dernier d’accéder à la Présidence en dépit des élections, dont les résultats détaillés n’ont jamais été publiés.
On voit donc mal l’intérêt des kabilistes à briser la coalition qui les a frauduleusement maintenus au pouvoir. Aussi pense-t-on qu’il s’agit plutôt de faire pression sur le président Tshisekedi, lancé depuis des semaines dans une opération de "nettoyage" des cas les plus flagrants de corruption, afin de lui rappeler qui détient le vrai pouvoir.
L’UDPS va-t-elle, comme ses députés, se battre bec et ongles pour Kabund ? Mardi, des militants tshisekedistes ont protesté à Lubumbashi - Kabund est originaire du grand Katanga - en faisant brûler des pneus. À Mbuji Mayi (Kasaï oriental), fief de l’UDPS, le bureau du PPRD, parti de Joseph Kabila, a été incendié.
Une UDPS très divisée
Mais l’UDPS est très divisée. Depuis plusieurs semaines déjà circulent des listes des membres des cabinets du chef de l’État ou de ministres UDPS, montrant que ceux-ci y ont placé exclusivement des proches et frères en ethnie - les Lubas du Kasaï - pendant que cette région périt de misère.
Le parti est aussi divisé au sujet de Jean-Marc Kabund, nommé président ad interim de la formation par Felix Tshisekedi, en janvier 2019, de manière non conforme aux statuts du parti. Après plusieurs affrontements entre factions depuis un an, le ministère de l’Intérieur - dirigé par Gilbert Kankonde, UDPS - vient de décider qu’il fallait retourner aux statuts : un triumvirat interne doit se voir accorder un mois pour organiser un congrès, qui choisira le nouveau président du parti.
Attaqué de l’extérieur et de l’intérieur, Kabund a Kabund est aussi rendu responsable, par des jeunes de l’UDPS, de la confiscation des délices du pouvoir au détriment de la masse des militants, pour qui l’alternance à la Présidence n’a rien changé.
Un nouveau gouvernement ?
Ce remue-ménage survient alors que l’on évoque un remaniement en profondeur du gouvernement. On évoque le nom d’Augustin Matata - apprécié par les institutions financières internationales et certains bailleurs de fonds - pour remplacer le Premier ministre Sylvestre Ilunga, alors que le Congo a vécu à crédit depuis plus d’un an. Le Covid-19, la baisse des exportations et la fonte des prix des matières premières font que les caisses de l’État, déjà faméliques, sont désormais pratiquement vides et sans perspective d’un mieux à court terme.
De quoi envisager, conjecture le Tout-Kinshasa politique, la fin de la coalition Cach (UDPS + UNC de Vital Kamerhe)-FCC au profit d’une cohabitation qui renverrait l’UDPS et l’UNC dans l’opposition et laisserait Félix Tshisekedi seul face à Joseph Kabila et son FCC. Un scénario qui devrait encore attiser les dissensions au sein de l’UDPS, privé de maroquins et ne disposant que de quelques élus, et qui pourrait aussi mettre à mal la survie même de l’UNC, alors que Vital Kamerhe est toujours détenu dans le cadre du dossier de détournement de fonds lors du programme des 100 jours du chef de l’État.Marie-France Cros et Hubert Leclercq