Paul Rusesabagina, le héros controversé du génocide rwandais et opposant du président Kagame, arrêté pour terrorisme
Le héros controversé de Kigali, devenu opposant du président Kagame, est soupçonné de financer des groupes rebelles armés.
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/d713ed88-95e2-480b-a0d0-5f64f4f5a357.png)
- Publié le 01-09-2020 à 21h55
:focal(2495x1671.5:2505x1661.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/3XS4L5FHRZDBFD5Z3RWJVAUEGA.jpg)
En 2005, Paul Rusesabagina recevait de George W. Bush la "médaille de la liberté". Le président américain avait remis cette décoration au Rwandais pour l’action de bravoure menée par celui-ci durant le génocide commis contre les Tutsis. En 1994, Paul Rusesabagina, époux hutu d’une femme tutsie, avait abrité des génocidaires 1 268 personnes dans l’hôtel Mille Collines de Kigali, propriété de la Sabena, dont il était directeur intérimaire. L’histoire avait fait l’objet d’un livre, puis inspiré Hollywood, qui en avait tiré le film Hotel Rwanda, dans lequel l’acteur Don Cheadle prêtait ses traits au héros du génocide. Le 31 août 2020, Paul Rusesabagina, âgé de 66 ans, a été placé en garde à vue à Kigali, a annoncé le Bureau d’investigation du Rwanda (RIB). Paul Rusesbagina est de longue date un farouche opposant en exil du président rwandais Paul Kagame. La justice de son pays le soupçonne d’être "le fondateur, le leader, et le principal financier de groupes armés terroristes adeptes de la violence, dont le MRCD (Mouvement rwandais pour le changement démocratique) et le PDR-Ihumure (Parti pour la démocratie), qui ont sévi dans toute la région ainsi qu’à l’étranger", indique le RIB. Selon les enquêteurs, il serait responsable d’actes de terrorisme, d’incendies, d’enlèvements et de meurtres, notamment commis sur le sol rwandais en deux occasions, en juin et décembre 2018.
M. Rusesabagina, qui réside aux États-Unis et en Belgique, pays dont il a acquis la nationalité, a été extradé au Rwanda, qui avait émis un mandat international à son encontre. Le RIB affirme que son arrestation est le fruit d’une "coopération internationale", sans donner plus de détails.
L’image du héros de Kigali était brouillée depuis que des rescapés d’hôtel Mille Collines ont raconté qu’il n’était pas le sauveur désintéressé présenté par la légende hollywoodienne. On rappelle qu’il faisait payer les chambres et rançonnait les réfugiés. M. Rusesabagina s’est toujours défendu de ces accusations, affirmant que c’était une stratégie du pouvoir pour le discréditer, même si plusieurs articles de grands médias internationaux, dont Le Monde, ont épinglé les ambiguïtés de son comportement de l’époque.