Libye: l’embargo de l’Onu sur les armes est toujours violé
Un nouveau rapport confirme au Conseil de sécurité la présence de matériels et de forces militaires provenant de l’étranger.
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Publié le 04-09-2020 à 09h00
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S’il fallait encore des preuves que l’embargo de l’Onu sur les armes en Libye continue d’être violé, l’organisation les a encore exposées cette semaine, en dressant un inventaire des équipements et mouvements suspects repérés ces derniers mois sur territoire libyen en provenance de l’étranger. L’envoyée spéciale par intérim des Nations unies pour la Libye, Stephanie Williams, a affirmé mercredi soir à New York devant le Conseil de sécurité que "les soutiens étrangers" aux deux camps en conflit pour le contrôle du pays "renforcent leurs capacités dans les principales bases aériennes libyennes à l’est et à l’ouest".
Elle y voit une atteinte à la souveraineté de la Libye et "une violation flagrante" de l’embargo de l’Onu sur les armes datant de 2011. Un embargo que cette responsable avait qualifié de "blague" à la mi-février, suite aux multiples violations dont il faisait déjà l’objet un mois après que les deux camps eurent promis de le respecter et de s’astreindre à un cessez-le-feu lors de la conférence internationale de Berlin.
Depuis le dernier rapport de la mission de l’Onu en Libye, datant du 8 juillet, "environ 70 avions ont atterri dans les aéroports de l’est en appui" à l’Armée nationale libyenne, la force composite du maréchal Khalifa Haftar "pendant qu’une trentaine d’appareils ont été envoyés dans des aéroports de l’ouest de la Libye" en appui au gouvernement d’accord national (GNA) de Fayez al Sarraj, a expliqué Mme Williams. Dès la fin mai, le Centre de commandement pour l’Afrique de l’armée américaine avait révélé que la Russie avait déployé des avions sur une base du centre du pays, en appui au camp Haftar.
Un missile identifié émirien
En outre, "neuf cargos se sont amarrés dans des ports de l’ouest en soutien du GNA pendant que trois navires sont venus bénéficier" aux forces pro-Haftar, a ajouté la responsable, sans donner d’indications sur le contenu des cargaisons. La mission de l’Onu en Libye, dont le mandat doit être renouvelé à la mi-septembre, "continue de recevoir des informations sur une présence à grande échelle de mercenaires et d’agents étrangers, ce qui complique […] les chances d’un règlement futur" du conflit, a-t-elle aussi précisé.
Ce nouveau rapport sur les violations de l’embargo intervient au lendemain de nouvelles révélations de la BBC, qui tendent à prouver la responsabilité d’un drone des Émirats arabes unis - soupçonnés d’aider militairement le camp Haftar, ce qu’Abou Dabi nie - dans l’attaque au missile d’une académie militaire du gouvernement à Tripoli. Celle-ci avait tué 26 cadets.V.B.