Burundi: le nouveau Président appelle les miliciens à être "plus virulents"
Les Imbonerakure sont pourtant dénoncés par de nombreux rapports sur les droits de l’homme comme les auteurs d’innombrables exactions.
Publié le 13-11-2020 à 23h00 - Mis à jour le 19-11-2020 à 23h27
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Ceux qui espéraient encore que l’arrivée à la tête du Burundi du général Évariste Ndayishimiye pourrait s’y traduire par une amélioration du respect des droits de l’homme vont devoir se rendre à l’évidence : rien ne permet de le croire. Le nouveau chef de l’État a, cette semaine, célébré la milice de son parti, les Imbonerakure, en les encourageant à plus de zèle encore, alors qu’ils sont dénoncés depuis des années pour leurs exactions - vols, viols, passages à tabac, incendies de maisons, tortures, meurtres - contre les civils.
Cette semaine est, au Burundi, celle des "combat tants" , soit l’organisation de "jeu nesse" du parti au pouvoir, le CNDD-FDD, considérée comme une milice par l’Onu. Le chef de l’État, qui est aussi secrétaire général du parti, a prononcé lundi un discours au siège de ce dernier, rapporte SOS Medias Burundi, pour lequel travaillent des journalistes basés à l’extérieur du pays en raison de la chasse aux sorcières dont ils ont été victimes depuis 2015.
Selon leur traduction, le président Ndayishimiye s’est adressé aux miliciens en ces termes : "N’avez-vous pas entendu ceux qui disent que les Imbonerakure sont mauvais parce qu’ils font des rondes ? Sachez que celui qui le dit est un ennemi. Il voit une brèche mais se rend compte qu’elle est gardée ; il te qualifie d’ennemi pour te décourager afin de pouvoir entrer. Je voudrais vous dire, à vous les Imbonerakure ici présents : soyez plus virulents ! Protégez-nous contre l’ennemi !"
Des partisans du gouvernement ont assuré, sur les réseaux sociaux, que cette version française confond "virulence" et "vigilance", qui serait la bonne traduction. La Libre Belgique a vérifié. L’expression utilisée par le Président, "gushirira", vient de igishi rira, qui désigne la braise incandescente. Inviter les Imbonerakure à devenir incandescents comme la braise est visiblement plus proche du français "virulents" que de "vigilants".
ONG et journalistes pas intouchables
Le président Ndayishimiye s’est est aussi pris aux associations de la société civile et aux journalistes qui "tuent" des gens, selon lui, et se veulent "intouchables". Il a ajouté que les journalistes devaient "informer la police" de ce qu’ils apprenaient. "Tu ne peux pas dire : je suis journaliste, je suis prêtre…" pour refuser de l’informer.