Affaire Paul Rusesabagina: Kigali refuse une demande américaine de libération du Belge

La demande d'une parlementaire américaine au président rwandais Paul Kagame de libérer l'opposant - d'origine rwandaise mais de nationalité belge - Paul Rusesabagina, emprisonné depuis août dernier, s'est heurtée à une fin de non-recevoir de la part du régime de Kigali, selon la presse rwandaise.

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Affaire Paul Rusesabagina: Kigali refuse une demande américaine de libération du Belge
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La représentante Carolyn Maloney, élue de l'État de New York au Congrès américain, a écrit lundi à M. Kagame pour lui demander la libération et le retour aux Etats-Unis de M. Rusesabagina, le héros du film "Hotel Rwanda", qui raconte comment l'ancien directeur de l'hôtel des Mille Collines à Kigali a sauvé, lors du génocide de 1994, plus de 1.200 personnes abritées dans cet établissement.

Dans une lettre datée du 16 décembre, le ministre rwandais de la Justice, Johnston Busingye, lui a répondu que le système judiciaire rwandais était indépendant et que l'arrestation de M. Rusesabagina, soupçonné notamment de terrorisme, était fondée sur des faits essentiels qui non seulement sont du domaine public, mais qu'il n'a pas contestés lors de comparutions devant la justice.

M. Busingye a ajouté que le Bureau d'enquête rwandais (RIB) et l'Autorité nationale des poursuites pénales (NPPA) ont indiqué au tribunal et aux médias que M. Rusesabagina n'avait été ni "kidnappé" ni "extradé".

Féroce critique du régime du président Kagamé, il vivait en exil depuis 1996 aux Etats-Unis et en Belgique, dont il a obtenu la nationalité en 1999. Mais fin août il a été arrêté par la police rwandaise dans des circonstances troubles, alors qu'il arrivait d'un avion en provenance de Dubaï et pensait se rendre au Burundi. Il attend désormais en prison d'être jugé notamment pour terrorisme, meurtre et financement de rébellion.

"Il a quitté Dubaï volontairement par avion privé et lorsque son avion a atterri au Rwanda et il en est descendu volontairement. Il a été placé en état d'arrestation en vertu d'un mandat d'arrêt datant de 2018", a ajouté le ministre de la Justice dans sa lettre à Mme Maloney, citée jeudi par le journal 'The New Times' (gouvernemental).

M. Busingye a également déclaré à la députée américaine que M. Rusesabagina n'était pas le seul suspect.

Il a rappelé que M Rusesabagina est inculpé par la NPPA, aux côtés de 18 autres personnes, de plus de neuf chefs d'accusation graves, dont la formation d'un groupe armé, l'appartenance à un groupe terroriste, le financement du terrorisme, le meurtre, l'enlèvement, le vol à main armée, la tentative de meurtre et l'agression et le vol.

M. Rusesabagina, 66 ans, avait été arrêté le 26 août par la police rwandaise après des années d'exil en Belgique et aux Etats-Unis. Il a affirmé qu'il pensait se rendre de Dubaï au Burundi, mais que le jet privé dans lequel il était monté avait finalement atterri par "surprise" au Rwanda.

Lors d'une audience devant la justice rwandaise, M. Rusesabagina avait admis avoir participé à la création d'un groupe rebelle, les Forces de Libération nationale (FNL), mais il a nié toute implication dans leurs crimes.

En 2018, il a fondé le Mouvement rwandais pour le Changement démocratique (MRCD), soupçonné d'avoir un bras armé, le FLN, un groupe considéré comme terroriste par Kigali.

Les avocats belge et américain de M. Rusesabagina, Mes Vincent Lurquin et Robert Hilliard, ont annoncé mardi leur intention de déposer deux plaintes la semaine prochaine aux Etats-Unis et en Belgique, accusant le régime rwandais de l'avoir fait "enlever" fin août à Dubaï.

Son procès et celui de ses co-accusés débutera le 26 janvier prochain devant la Haute Cour du district de Nyanza (sud du Rwanda), selon 'The New Times'.

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