La situation se tend en Centrafrique: écarté de la présidentielle, Bozizé relance les combats
Coups d’État en série et mercenaires russes...
Publié le 21-12-2020 à 12h31 - Mis à jour le 23-12-2020 à 12h48
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Brusque remontée de la température en Centrafrique, où des combats ont opposé samedi des casques bleus à une nouvelle coalition de rebelles que Bangui dit obéir à l’ex-président François Bozizé. Les troupes de l’Onu affirment avoir bloqué l’avancée des rebelles mais ceux-ci ne sont pas vaincus. La Russie et le Rwanda ont envoyé des troupes appuyer Bangui.
Coups d’État en série
On ne prête qu’aux riches. Après avoir raté deux coups d’État et réussi un troisième, qui le plaça au pouvoir de 2003 à 2013, le général François Bozizé, 74 ans, a été accusé de tentative de putsch ce week-end.
L’ancien officier a vu, le 3 décembre dernier, sa candidature à la présidentielle de dimanche prochain, le 27 décembre, invalidée par la Cour constitutionnelle. En cause : les sanctions de l’Onu imposées contre lui en 2014 pour avoir “soutenu des actes qui minent la paix, la stabilité et la sécurité” de la Centrafrique depuis son renversement, en mars 2013, par la Seleka, coalition de mouvements armés musulmans.
Depuis son éviction, la Centrafrique est le théâtre d’une guerre civile entre divers mouvements armés aux alliances changeantes. La nostalgie des électeurs centrafricains pour une époque révolue plus pacifique donnait à François Bozizé de sérieuses chances d’être élu contre le président sortant, Faustin-Archange Taoudera, qui peine à gouverner au-delà de Bangui. Le mandat d’arrêt international émis contre François Bozizé n’a d’ailleurs pas été exécuté par la Centrafrique malgré le retour au pays de l’accusé.
Vendredi dernier, le 18 décembre, les milices “anti-balaka” (créées pour combattre les musulmans de la Seleka), qui soutiennent Bozizé, se sont mises en coalition avec deux autres mouvements armés, le Mouvement patriotique pour la Centrafrique et le 3R (Retour, Réclamation, Réhabilitation), largement musulman. Ces trois groupes armés contrôlent plus de la moitié du territoire centrafricain.
Mercenaires russes
Quand la nouvelle coalition armée s’est mise en route vers Bangui, le gouvernement Taoudera a dénoncé une nouvelle tentative de “coup d’État” dirigée par Bozizé. Le parti de celui-ci, Kwa na Kwa, a démenti que son chef “soit à l’origine de quoi que ce soit”.
La progression de la coalition armée en direction de la capitale centrafricaine a été arrêtée samedi par les casques bleus de l’Onu (Minusca, déployée depuis 2014) lors de combats auxquels a pris part le contingent rwandais au sein de la Minusca, un des plus importants dans cette force onusienne (c’est lui qui protège le président Taoudera). Kigali a envoyé au cours du week-end des troupes fraîches soutenir ses casques bleus, “dans le cadre d’un accord bilatéral de défense”.
La Russie – dont une société de sécurité proche du régime Poutine, Wagner, fournit des mercenaires au régime de Bangui depuis 2018 – a également envoyé “plusieurs centaines” d’hommes protéger Bangui en vertu d’un autre accord bilatéral, a indiqué la Centrafrique.
Selon l’AFP, citant des sources humanitaires et sécuritaires, des combattants de compagnies de sécurité privées russes sont entrés en action contre les rebelles dans une zone située au sud-ouest de Bangui.
Dimanche doivent se tenir des élections présidentielle et législative dans l’ancienne colonie française.