En Libye, le redémarrage de quatre sites pétroliers donne de l’air au gouvernement
Un tiers de la production nationale quotidienne rentre à nouveau dans les caisses.
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Publié le 12-01-2022 à 20h27 - Mis à jour le 12-01-2022 à 20h28
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Avec la reprise d'activité de quatre sites pétroliers majeurs du pays, le gouvernement intérimaire d'Abdelhamid Dbeibah peut souffler après le rendez-vous raté de l'élection présidentielle du 24 décembre dernier. Mis sur pied au printemps 2021 avec pour objectif de réconcilier les autorités rivales et de mettre la Libye pour de bon sur les rails de la démocratie, l'exécutif de Tripoli élimine ainsi l'une des nombreuses sources d'instabilité qui affectent le pays. L'État - embryonnaire - libyen, qui fait face à des divisions politiques et à une insécurité permanente depuis plus de dix ans, récupère surtout une précieuse manne économique (près du tiers de sa production nationale quotidienne), dans la mesure où il tire la presque totalité de ses revenus de ses exportations d'hydrocarbures.
Le chef de gouvernement, un riche homme d’affaires, a ordonné le redémarrage des quatre champs pétroliers suite à un accord avec les gardes des installations pétrolières (GPI), qui bloquaient celles-ci depuis trois semaines au motif de revendications salariales et techniques. Il s’agit des champs d’Al-Charara, Al-Fil, Al-Wafa et Al-Hamada, situés dans le sud-ouest du pays, qui produisent ensemble plus de 300 000 barils de brut par jour, selon le chiffre communiqué par la Compagnie nationale de pétrole (Noc).
Espoirs confirmés
L’annonce de l’accord, qui inclut l’examen par une commission des difficultés rencontrées par les personnels dans le cadre de leur mission, devrait contribuer à ramener la sérénité. Toutefois, l’organisme public pétrolier n’avait pas encore annoncé la levée de l’état de force majeure, une mesure qui permet une exonération de la responsabilité de la compagnie en cas de non-respect des contrats de livraison. La Libye, voisin du pourtour méditerranéen, a pour principaux clients des pays de l’Union européenne.
Depuis l’insurrection populaire de février 2011 ayant abouti à la chute de la dictature de Kadhafi, les combats entre les autorités et milices rivales, le manque d’entretien, les pannes et mouvements sociaux ont régulièrement provoqué l’arrêt des champs, raffineries, oléoducs, gazoducs et terminaux du pays. Toutefois, 2020 avait constitué une année charnière : le gouvernement avait progressivement rouvert l’ensemble des installations suite à l’échec d’une longue offensive militaire menée par l’autoproclamée Armée nationale libyenne du maréchal Haftar, l’homme fort de l’Est, pour prendre le contrôle de la capitale Tripoli.
L’an dernier avait confirmé les espoirs, la production atteignant au premier semestre une moyenne de 1,2 million de barils quotidiens selon la Banque mondiale, soit toujours moins que sous l’ancien régime (entre 1,5 et 1,8 million) mais bien plus qu’aux heures les plus sombres des deux guerres civiles (0,3 million).
En octobre dernier, la raffinerie proche de la ville côtière de Zaouia, dans le nord-ouest du pays, avait toutefois été endommagée par les combats entre groupes armés. Mais la mise en chantier, le même mois, d’une toute nouvelle raffinerie (un vieux projet enfin promis pour 2024) dans le sud du pays, près du champ d’Al-Charara, a ouvert de nouvelles perspectives.