L’avenir des militaires belges au Mali est de plus en plus incertain
La dégradation de la situation sur le terrain remet en cause leur participation à la task force Takuba au second semestre.
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Publié le 08-02-2022 à 09h18 - Mis à jour le 08-02-2022 à 11h55
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C'est un déploiement de masse qui se dessinait pour l'armée belge au Mali, au second semestre de cette année. La Défense a dans ses cartons l'envoi de quelque 255 hommes au sein de la task force Takuba, ce groupement européen de forces spéciales destiné à accompagner les autorités locales dans la lutte contre le terrorisme. Le plan avait été dévoilé mi-novembre par le cabinet de la ministre de la Défense, Ludivine Dedonder (PS). Mais sa concrétisation est plus incertaine que jamais en raison de la dégradation de la situation sur le terrain.
"Il est vrai que la situation politique et sécuritaire est préoccupante au Mali, dit Ludivine Dedonder à La Libre. Nous sommes sur le terrain à l'invitation des Maliens. Nous avons pu constater dernièrement l'évolution de la position (de plus en plus hostile, NdlR) des autorités par rapport à la présence de la task force Takuba. Face à cette situation, un processus intense de suivi et de consultations entre les ministres des États impliqués dans l'opération Takuba est en cours. Nous prendrons une décision conjointe sur le futur de la TF Takuba." L'envoi ou non des troupes belges devrait encore être tranché en février.
Les militaires belges sont présents depuis 2013 au Mali. Pour le moment, on en compte une dizaine à Bamako et Koulikouro dans l’EUTM, une mission européenne. Ils sont une vingtaine à participer à la mission des Nations unies (la Minusma), à Bamako et Gao. Et des officiers de liaison sont présents dans l’état-major de Takuba, à Ménaka et N’Djamena (Tchad).
La menace djihadiste ne fléchit pas
Les difficultés se sont amplifiées ces dernières semaines sur le terrain. Non seulement la menace djihadiste ne fléchit pas, mais il faut en plus compter sur la présence de Wagner, ce groupe de mercenaires à la réputation sulfureuse lié au Kremlin. Quant à la junte militaire au pouvoir, elle ne montre aucun signe d’ouverture envers Takuba et rechigne à amorcer le processus de transition démocratique.
Le 26 janvier, à l'occasion d'une rencontre avec son homologue malien, la ministre belge des Affaires étrangères, Sophie Wilmès (MR), avait fait savoir que la Belgique "attendait d'urgence des propositions concrètes et crédibles sur la durée de la transition et le retour à l'ordre constitutionnel, […] celles-ci sont déterminantes au regard d'une prochaine décision européenne sur d'éventuelles sanctions (finalement tombées, NdlR) et, au niveau belge, d'un réexamen des différentes dimensions de notre engagement au Mali".
Si la Belgique n’a pas encore renoncé à déployer des troupes dans Takuba, les feux sont à l’orange vif, confirment des sources autorisées. Mais la décision n’est pas facile à prendre. Car se retirer d’un terrain, c’est accepter de perdre la maîtrise que l’on peut en avoir. En l’occurrence, au Mali, cela implique de laisser le champ libre à Wagner et d’abandonner la lutte contre la menace djihadiste, avec les conséquences que cela peut avoir en Europe en termes de migration et de sécurité.
