La Libye à nouveau divisée au sommet, avec deux Premiers ministres
Suite au vote contesté au Parlement, Fathi Bachagha dispute le poste de chef de gouvernement à Abdelhamid Dbeibah.
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Publié le 12-02-2022 à 13h47 - Mis à jour le 12-02-2022 à 13h48
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Avec deux Premiers ministres en fonction, la crise politique en Libye a pris une nouvelle fois une tournure inédite. La nomination, jeudi lors d’un vote controversé au Parlement, de l’actuel ministre de l’Intérieur, Fathi Bachagah, 59 ans, comme nouveau chef de gouvernement, alors que l’actuel titulaire du poste n’a aucune intention de le lâcher, est l’ultime illustration en date des tiraillements de la classe politique dans ce pays du Maghreb soumis à des divisions depuis la fin de la dictature de Kadhafi en 2011.
Au lendemain d’une tentative d’assassinat dont il dit avoir été la victime à Tripoli, Abdelhamid Dbeibah a annoncé vendredi qu’il entendait proposer une nouvelle loi électorale afin de résoudre la crise politique et soumettre de nouvelles dates pour les élections - huit ans après les précédentes. Déjà en pleine guerre civile, entre 2014 et 2016, le pays avait connu deux Premiers ministres rivaux, à l’Ouest et à l’Est, mais avec deux gouvernements.
Le gouvernement de M. Dbeibah, un milliardaire qui dirige le gouvernement intérimaire d’union depuis près d’un an, devait céder la place à une nouvelle équipe après les élections (la présidentielle en décembre et les législatives en janvier), mais les scrutins ont été reportés. Le Premier ministre avait répété depuis lors qu’il n’abandonnerait ses fonctions qu’après la formation d’un nouveau gouvernement issu des urnes. Pour lui, le vote de confiance du Parlement installé à Tobrouk (dans l’est du pays) s’apparente à un coup de force institutionnel du camp Haftar, figure de proue de l’Est libyen que le Parlement appuie, contre le gouvernement installé à Tripoli et qui était supposé faire le trait d’union entre les deux régions rivales.
Un nouveau chapitre à ouvrir
"Le choix par le Parlement d'un nouveau gouvernement est une nouvelle tentative d'entrer à Tripoli par la force", a déclaré M. Dbeibah dans une interview à la télévision libyenne, établissant un parallèle avec la tentative finalement avortée de l'Armée nationale libyenne (ANL) commandée par Khalifa Haftar de prendre le contrôle de la capitale en 2019.
De son côté, M. Bachagha a promis "d'ouvrir un nouveau chapitre", en "tendant la main à tous", lors de son arrivée la veille au soir à l'aéroport de Mitiga, près de Tripoli, en provenance de Tobrouk. Il a ensuite "remercié M. Dbeibah pour le travail accompli pendant cette période difficile", en se disant "confiant du souci du gouvernement à respecter les principes démocratiques".
Cet ancien pilote de chasse dispose de deux semaines pour former un gouvernement et le soumettre au Parlement. Le nom de Fathi Bachagha, un influent homme politique issu de l’Ouest (comme M. Dbeibah), s’était imposé ces dernières semaines. Il s’était déplacé à Benghazi, chef-lieu de la Cyrénaïque (la grande province de l’Est) quelques jours avant la présidentielle, prévue la veille de Noël, afin d’y rencontrer l’homme fort, Khalifa Haftar, qui était tout comme lui candidat à la présidence.