La junte malienne rompt les accords de défense avec la France et l’Europe
Mali En cause, selon Bamako, des "atteintes flagrantes" à la souveraineté nationale.
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- Publié le 03-05-2022 à 22h15
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Depuis des mois, les militaires qui ont pris le pouvoir au Mali (après un double coup d’État en août 2020 puis en mai 2021) menaçaient de rompre les accords militaires avec la France et ses partenaires européens. Le couperet est tombé ce lundi 2 mai en soirée.
Dans un communiqué, la junte au pouvoir à Bamako a annoncé qu'elle dénonçait les accords de défense conclus avec Paris et ses partenaires européens, invoquant la "détérioration profonde de la coopération militaire avec la France" et les "atteintes flagrantes à la souveraineté nationale du Mali".
Trois textes sont concernés : l’accord de 2013 encadrant la présence des forces françaises et donc des militaires de l’opération antiterroriste Barkhane, déployés depuis huit ans au Sahel ; le traité de défense signé en 2014 pour organiser la coopération militaire structurelle entre Paris et Bamako ; et le protocole additionnel déterminant le statut des forces spéciales européennes engagées dans la Task Force Takuba, qui opère dans le Nord depuis 2020, sous commandement français.
Pour la junte malienne, la dénonciation du traité de défense ne prendra effet que dans six mois. En revanche, pour les opérations Barkhane et Takuba, cette dénonciation a un "effet immédiat". En d'autres termes, théoriquement du moins, la présence des militaires français et européens sur le sol malien est considérée comme illégale.
Un départ accéléré cette fois ?
En février dernier, le président français Emmanuel Macron avait acté le retrait des troupes françaises du Mali, après des mois d'escalade des tensions. Bamako avait alors "sommé" Paris de "retirer sans délai" ses soldats alors que l'Élysée avait présenté un "plan de retrait coordonné" prévu sur quatre à six mois.
Une sommation qui n’avait guère impacté l’organisation militaire française qui, après avoir fermé ses bases de Kidal, Tessalit et Tombouctou, fin 2021, avait continué à organiser comme prévu le départ de ses 2 400 soldats du Mali avec comme date butoir le mois d’août 2022.
Depuis des mois, la Mali avait demandé à la France de réviser le traité de coopération en matière de défense qui lie les deux pays, un texte que la junte juge déséquilibré et trop avantageux pour l’autre partie notamment sur la question - qui peut paraître subsidiaire - de l’octroi des visas aux coopérants. Paris a tardé à répondre et le contenu de cette réponse, rendue la semaine dernière, n’a pas été dévoilé.
Est-elle à l’origine de ce nouveau raidissement malien ? Aucune piste de réponse pour l’instant mais il apparaît évident que Bamako attend désormais que Paris accélère le retrait de ses hommes et qu’elle cesse toute intervention - aérienne surtout - à partir de ses bases au Niger.
Cette nouvelle donne va inexorablement amener un isolement accru du Mali. Ainsi, Berlin avait déjà annoncé qu’il émettait des réserves sur le maintien de ses 1 100 hommes au sein de la mission des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma), dont le renouvellement doit être discuté au Conseil de sécurité, en juin.
Or, seules, les forces maliennes ne peuvent endiguer l’avancée des djihadistes. De là à imaginer un rôle accru pour les "mercenaires" russes du groupe Wagner, proche de Poutine…