La pénurie d’essence et de billets de banque menace le scrutin présidentiel au Nigeria: des affrontements entre manifestants et policiers ont eu lieu
Le second producteur de pétrole du continent en panne d’essence.
Publié le 08-02-2023 à 21h32
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L’élection présidentielle au Nigeria, second producteur d’or noir et pays le plus peuplé du continent africain avec 215 millions d’habitants, est prévue pour le 25 février prochain. La commission électorale nationale indépendante (Ceni) ne cesse de réaffirmer que le scrutin aura bien lieu à la date prévue malgré la grogne sociale qui ne fait qu’enfler et les obstacles qui se multiplient.
Parmi ceux-ci, les pénuries d’essence et de nouveaux billets de banque qui ont entraîné, mardi, des affrontements entre manifestants et policiers notamment à Abeokuta, dans le sud-ouest du pays.
Dans cette ville, une foule de jeunes en colère a notamment attaqué une banque confrontée à une pénurie de billets.
Files d’attente
Devant les distributeurs en manque de billets et les stations essence dépourvues de carburant, les files d’attente s’allongent.
La police, déployée sur place, a indiqué que des émeutes avaient éclaté après que certains clients des banques n’eurent pas réussi à retirer leur argent.
De nombreuses vidéos publiées sur les réseaux sociaux montrent une foule de jeunes en colère attaquant une banque et des colonnes de fumée noire provenant de pneus brûlés. Une autre, relayée par la presse locale, montre un manifestant couvert de sang qui perd connaissance. Des résidents ont déclaré que les policiers avaient tiré des coups de feu pour disperser les manifestants qui leur lançaient des barres de fer et des planches. La police dément avoir ouvert le feu.
Nouveaux billets
En octobre dernier, la Banque centrale avait annoncé, sans prévenir, changer les billets de banque (notamment leur couleur), et décidé que les anciens billets ne seraient plus valables fin janvier avant de repousser la date au 10 février, sous la pression populaire.
Au moment de l’annonce de ce changement de billets, plus de 80 % des 3 200 milliards de nairas (7,2 milliards de dollars) en circulation au Nigeria étaient entre les mains de particuliers, mais 75 % d’entre eux ont désormais été déposés auprès d’institutions financières, selon les propos, le week-end dernier, du gouverneur de la banque centrale Godwin Emefiele.
Si les Nigérians sont de plus en plus nombreux à déposer leur ancienne monnaie dans les banques, certaines institutions financières continuent, selon plusieurs témoignages, à distribuer ces billets périmés à leurs clients qui sont limités dans leurs retraits de cash, tout en étant confrontés à des frais bancaires élevés pour chaque transaction. Les paiements numériques effectués par les banques sont souvent peu fiables au Nigeria, ce qui met les entreprises en difficulté, car un nombre croissant de clients ne trouvent pas d’argent liquide pour payer leurs biens et services.
Une situation qui a, inévitablement, donné naissance à un marché parallèle où les gens vendent illégalement les nouveaux billets de banque, a déclaré lundi la police secrète du Nigeria.
Pénurie d’essence
À côté de ces pénuries de billets de banque, le Nigeria fait aussi face à une pénurie d’essence qui menace le transport des électeurs et le déploiement des structures électorales, mais le gouvernement se veut rassurant : “On va utiliser les plus de 9 000 méga-stations terrestres et flottantes dans tout le pays pour stocker des produits pétroliers pour que la Commission électorale ne soit pas gênée dans le déplacement du personnel et du matériel pour les élections”, a promis le patron de la Ceni, qui a ajouté : “Soyez donc assurés que l’élection aura lieu comme prévu, le 25 février pour l’élection présidentielle et le 11 mars pour l’élection des gouverneurs.”