Les Sénégalais vivent dans la crainte d’une explosion de violence: "L’État a pris toutes les mesures pour garantir la sécurité des personnes..."
La condamnation du principal opposant au président Macky Sall a jeté des milliers de manifestants dans les rues de nombreuses villes du Sénégal.
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- Publié le 02-06-2023 à 18h12
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Les autorités sénégalaises ont déployé vendredi des forces armées dans Dakar, au lendemain d’un déchaînement de violence qui a fait neuf morts après la condamnation à deux ans de prison ferme de l’opposant Ousmane Sonko, candidat à la présidentielle de 2024 plus que jamais menacé d’inéligibilité.
“Tout en appelant au calme et à la sérénité de nos concitoyens, l’État du Sénégal a pris toutes les mesures pour garantir la sécurité des personnes et des biens”, a déclaré dans la nuit le ministre de l’Intérieur Antoine Diome au terme de l’une des journées de contestation politique les plus meurtrières depuis des années dans le pays.
Des hommes portant treillis et fusils de guerre ont été positionnés en différents points de Dakar, une capitale quasiment paralysée ce vendredi. Dans la crainte des saccages, les magasins sont en effet restés fermés le long de rues entières portant encore les traces des violences de la veille. L’université en particulier a été le théâtre d’affrontements prolongés et d’importantes destructions.
Le gouvernement a reconnu avoir restreint les accès aux réseaux sociaux comme Facebook, WhatsApp ou Twitter pour faire cesser selon lui “la diffusion de messages haineux et subversifs”.
Plusieurs quartiers de Dakar, mais aussi la Casamance (dans le sud du pays où M. Sonko est maire de la plus grande ville, Ziguinchor) et différentes villes ont été en proie à une nouvelle flambée de violence et de nombreux Sénégalais craignent que la situation dégénère encore quand l’opposant sera emmené en prison. Jusqu’à ce vendredi en fin de journée, M. Sonko ne s’est pas exprimé publiquement. Tous les accès à son domicile dakarois sont bloqués par les forces de sécurité qui repoussent par la force ceux qui cherchent à l’approcher. Ses avocats et ses soutiens dénoncent une assignation à résidence dénuée de fondement légal.
Le ministre de la justice Ismaïla Madior Fall a contesté que M. Sonko soit séquestré. Il a évoqué une mesure de “police administrative” consistant à “limiter ses mouvements” en raison de “ses appels à l’insurrection”. Dans la foulée, le ministre a ajouté que la condamnation devait être exécutée et que l’opposant pouvait “être arrêté à tout moment” rappelant que le condamné ne pouvait pas faire appel de la décision du tribunal parce qu’absent au procès, déclenchant ainsi une tempête juridique avec les avocats de M. Sonko pour lesquels leur client doit être rejugé s’il se constitue prisonnier ou est arrêté.