Il faut éviter la tache d’huile sahélienne
La tension au Niger, les coups d’État successifs dans la région, les dissensions entre les autres pays, démontrent que le continent africain reste terriblement instable.
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- Publié le 06-08-2023 à 21h51
- Mis à jour le 07-08-2023 à 06h26
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La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest prendra-t-elle le risque de s’engager dans une guerre au Niger ? L’ultimatum lancé la semaine dernière par l’institution n’a pas fait plier la junte militaire qui a renversé le président élu le 26 juillet dernier.
Les putschistes, qui se sont inspirés des pays voisins (Mali, Burkina Faso et même Guinée), savent qu’ils peuvent compter sur ces frères d’armes mais aussi sur une division régionale qui empêche la mise sur pied d’un front uni contre leur initiative. Ils savent aussi que l’Union africaine est atone et que les autres instances internationales ont d’autres chats à fouetter.
Ce nouveau coup d’État dans une région minée depuis des décennies par une terrible pauvreté fait le lit des djihadistes ; qui ne cessent de gagner du terrain ; et de la désinformation à bas coût du Kremlin. Les deux soufflent sur des régimes instables et parfois honnis par leurs populations engoncées dans un quotidien sans perspective. Des régimes et des dirigeants incapables donc d’apporter des réponses à ces aspirations légitimes de leur population, d’agir face aux nouveaux périls.
Ce constat posé, il est plus que temps d’élaborer de vraies réponses face à cette situation qui ne cesse de se détériorer et qui menace désormais non seulement tout le Sahel mais aussi une bonne partie de l’Afrique. Or, nous, Européens, avons, qu’on le veuille ou non, un destin incontestablement lié avec ce continent. Une Afrique instable, c’est une Europe aux abois. Il faut renouer un vrai dialogue franc et cohérent. Cette cohérence qui fait encore trop souvent défaut en Europe quand elle parle avec les Africains, donnant des leçons de morale et de démocratie aux uns tout en se montrant bienveillant à l’égard de régimes corrompus, corrupteurs, népotiques, etc. La France est en première ligne de cette critique mais elle n’est pas la seule. La Belgique aussi doit cesser ces deux poids, deux mesures en Afrique centrale. La politique de l’autruche face à des régimes iniques n’a jamais produit de solution pérenne. Les erreurs et les errements du passé ne condamnent pas à une politique sans ambition.