Tremblement de terre au Maroc 2023 : entre désolation et colère, on recherche désespérément encore des survivants
Dans ces vallées touristiques aux paysages escarpés, des villages de tentes sont érigés au milieu des localités dévastées par le séisme qui a frappé la région de Marrakech.
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- Publié le 13-09-2023 à 21h27
- Mis à jour le 14-09-2023 à 12h21
La désolation et, avec elle, la tristesse, la colère, la résignation aussi, la peur, l’abandon, voire la trahison. Cinq jours après la catastrophe, le séisme continue de soumettre les survivants à un régime d’ondes de choc, d’ordre émotionnel et affectif, tout aussi déstabilisantes que les telluriques. Confrontés à des pertes irrémédiables, les Marocains des villages dévastés du Haut-Atlas tentaient mercredi encore de faire émerger la vie des décombres, et l’espoir de leurs tourments. Il leur faut continuer à vivre, dans la douleur et dans l’épreuve, après qu’au moins 2900 personnes ont perdu la vie et que plus de 5500 autres ont été blessées dans le séisme de magnitude 7 survenu vendredi soir, selon le dernier bilan publié mercredi matin par les autorités du Royaume.
Certains habitants parmi les plus sinistrés invoquent la dignité de disposer d’un abri sûr pour reprendre le cours normal de leur vie : “Je veux juste un chez-moi, un endroit digne pour un être humain”, réclame Fatima Oumalloul, 59 ans, une habitante de la petite ville dévastée d’Amizmiz, à une cinquantaine de kilomètres au sud-ouest de Marrakech et à moitié moins de l’épicentre du séisme. D’autres apparaissent résignés : “La vie est finie ici. Le village est mort”, souffle Mohssin Aksoum, 33 ans, originaire du village de Tikht, qui n’est plus qu’amas de débris de maçonnerie, de bois, de pierres, de tôles et d’objets quotidiens. D’autres encore y envisagent toujours un avenir : “Je vais reconstruire ma maison”, assure Omar Aït Mbarek, 25 ans, originaire du même village, où il vient de perdre sa fiancée qu’il devait épouser dans quelques semaines.
Des pistes à rouvrir
Partout dans ces vallées touristiques et sur leurs contreforts escarpés, des villages de tentes sont érigés au milieu des localités dévastées. Certains habitants aux logements trop abîmés, qui n’osent plus y dormir par peur d’un écroulement tardif ou induit par une réplique, préfèrent y passer la nuit. À Asni, petite ville à une heure de route environ de Marrakech, l’armée a établi un hôpital de campagne pour y soigner les blessés des zones enclavées. Des villages auxquels des escouades du ministère de l’Équipement tentaient de redonner l’accès en s’affairant mercredi à rouvrir les pistes qui y mènent. Au total, ce sont plus de 6000 douars (villages et hameaux) qui ont été touchés, à des degrés divers, dans les provinces de Taroudant, Al Haouz et Chichaoua, un chiffre publié sur le site d’information marocain 360°.
À Tinmel, un autre village, la mosquée du XIIe siècle, merveille de terre crue classée au Patrimoine mondial de l’Unesco, s’est en grande partie effondrée. La rénovation de l’édifice était en voie de finalisation. À deux heures de route de là, dans la cité de Marrakech, les autorités culturelles sont sur le pied de guerre pour mener à bien l’inspection et la consolidation des musées, afin de pouvoir les rouvrir au public en toute sécurité. Et ne pas compromettre la haute saison touristique, qui débute en septembre.
Don de sang royal
L’Ordre des architectes s’est joint aux efforts pour établir des diagnostics des bâtiments fissurés et endommagés afin de savoir s’il faut les évacuer ou procéder à leur renforcement. Dans la médina marrakchie, au moins une trentaine de personnes ont perdu la vie dans l’écroulement de leur habitation.
C’est aussi dans la ville ocre que le roi Mohammed VI s’est rendu mardi en fin de journée au chevet des victimes. Le souverain y a donné son sang, visité des blessés et plusieurs services du CHU portant son nom. Selon les autorités sanitaires, près de 2200 blessés avaient été admiss ce jour-là dans les différents centres hospitaliers de la région de Marrakech-Safi, dont 484 blessés majeurs et 1570 blessés mineurs. Alors que les opérations caritatives et des levées de fonds se multiplient partout dans le monde pour contribuer à l’aide humanitaire, le roi du Maroc a annoncé mercredi la création d’un fonds spécial, dédié au financement de la réhabilitation d’urgence, à la prise en charge des personnes en situation difficile et aux efforts de reconstruction.