L'Afrique qui monte... mais pas pour tous
Le continent africain connait-il un développement certain ? William Hague et Jacob Zuma ont venté l' "Africa rising", l'Afrique qui monte. S'il est vrai que des avancées en terme de croissance économique ont été enregistrées, elles ne bénéficieraient pas aux plus vulnérables, estime une récente étude de l' Afrobaromètre.
Publié le 07-10-2013 à 12h19 - Mis à jour le 07-10-2013 à 12h21
William Hague et Jacob Zuma ont venté l' "Africa rising", l'Afrique qui monte. S'il est vrai que de grandes avancées en termes de santé et d'éducation par exemple ont été enregistrées, si le continent africain enregistre une croissance économique de 4,8% en moyenne, elles ne bénéficieraient pas aux plus vulnérables, estime une large étude de l' Afrobaromètre. " Après une décennie de croissance en Afrique, peu de changement existe aux racines de la pauvreté": voilà le titre explicite du projet de recherche. Pour arriver à ces résultats, les chercheurs ont interrogé 51.605 personnes dans 34 pays entre octobre 2011 et juin 2013.
Selon l'enquête, un africain sur cinq dit manquer souvent de nourriture, d'eau potable et de soins médicaux alors qu'environ la moitié des personnes interrogées expérimente ces manques de manière occasionnelle. Deux personnes sur cinq sont régulièrement dépourvues d'un revenu leur permettant de couvrir les besoins primaires. Sans surprise, l'enquête démontre une corrélation significative entre l'accès au réseau électrique, à celui de l'eau courante et aux services de base avec les plus hauts niveaux de pauvreté. Par ailleurs, les plus hauts niveaux d'éducation sont liés à des expériences nettement inférieures de privation. Enfin, cinq des sept pays dans lesquels on enregistre le nombre le plus élevé de personnes connaissant la faim émergent de récents conflits.
" De manière générale, si des hauts taux de croissance ont été enregistrés, la pauvreté vécue au quotidien n'a que peu changé. Cela suggère soit que la croissance existe mais que ses résultats n'atteignent pas les citoyens les plus pauvres (en fait, les écarts de pauvreté pourraient même être en augmentation), ou que la croissance actuelle ne correspond pas à celle qui est affirmée", disent les chercheurs. " Il existe un écart entre la croissance rapportée et la persistance de la pauvreté ordinaire des citoyens. Il est évident que les gouvernements africains doivent concentrer leur attention tout autant sur la réduction de la pauvreté que sur la croissance de leurs économies", explique au Guardian Carolyn Logan, assistante en Sciences politiques à l'Université du Michigan et députée directrice de la recherche en question.
L'Afrique est-elle dans ce cas, comme l'a dénommée The Economist, le "continent de l'espoir" ? Les économistes maintiennent que la tendance est positive et y croient, pour autant qu'il y ait des " progrès en termes de bonne gouvernance et de stabilité macroéconomique ainsi qu'une demande croissante de la classe moyenne".
Une solution pourrait être trouvée dans la gestion des ressources naturelles du continent, estime le Professor Mthuli Ncube, chef économique à la Banque Africaine de développement. " Une partie de cette gestion n'a pas permis de créer de l'emploi. Les dirigeants politiques et économiques reconnaissent aujourd'hui que la qualité de la croissance doit être améliorée." Selon lui, les progrès vers la croissance inclusive se feront remarquer dans les 10 à 15 prochaines années.