De ciney à Cibitoke, du Blanc bleu belge sauce burundaise

Après être allés au Bénin l'an dernier, les jeunes de l'EPASC mettent le cap sur le Burundi.

Van Vyve Valentine
Move With Africa EPASC école Afrique Ciney agronomie Saint-Quentin
Move With Africa EPASC école Afrique Ciney agronomie Saint-Quentin ©Jean-Luc Flémal

Quatorze paires d’yeux sont rivées sur le haut-parleur de la petite salle de réunion de l’Ecole Provinciale d’Agronomie et des Sciences de Ciney (EPASC). La communication entre Ciney et Bujumbura, capitale du Burundi, n’est pas optimale. Seul un son sourd filtre d’un continent à l’autre, la connexion internet faisant quelque peu défaut du côté du Condroz. Alors, les onze "gars" de Michèle Willem, professeur de Français, tendent l’oreille pour entendre ce que leur dit Aloys, formateur au Centre d’enseignement des métiers de Karurama.

En avril prochain, ces futurs agriculteurs, éleveurs, horticulteurs, soudeurs et mécaniciens se rendront dans la petite ville de Cibitoke, au nord-ouest du Burundi. Ils y rencontreront leurs homologues dans le but de partager leurs connaissances respectives en matière d’agroélevage, principale source de revenu des Burundais. La première rencontre virtuelle des jeunes avec leur correspondant est dès lors le moment de lancer les idées de ce programme d’échange. Pour le confectionner, les Belges ne manquent pas de créativité. "Il faut que nos propositions répondent à un besoin et qu’elles soient applicables là-bas", prévient d’emblée Michèle Willem. Inutile il est vrai, de construire un moteur à amener sur place, "cela nous coûterait trop cher en carburant", explique Aloys. De fait, "tout se fait à la main" dans ces agroélevages de type familial, ajoute Laurélie Di Filippantonio, membre de l’Agence belge de développement (CTB). Alors, pour coller au mieux aux réalités locales, les jeunes belges se renseignent : quel est le type de sol ? Comment travaillez-vous la terre ? Connaissez-vous le melon ? De quel espace de terre bénéficierons-nous ? De quelles races sont vos vaches ? Quelle quantité de lait donnent-elles ? Avez-vous des postes à souder ?

Après 40 minutes de discussion animée, Aloys et les Cinaciens s’accordent sur un programme ambitieux constitué de trois modules : un atelier de transformation de fromage (pour lequel Martin suivra d’ailleurs des cours supplémentaires les soirs de semaine ! "Pourquoi ne pas créer un fromage "Move" ?", glisse-t-il), un atelier d’insémination (la vache Ankolé croisée avec un Blanc Bleu Belge gardera-t-elle sont caractère sacré ? Elle devrait en tout cas produire plus de lait) et enfin, un module de soudure. Sans oublier la possibilité de travailler sur la culture en sac et les engrais verts. Julie Leduc, accompagnatrice de la CTB, ouvre les yeux grands et ronds, enchantée par l’enthousiasme débordant des élèves avec qui elle partagera l’expérience.

En attendant le départ, ils continuent leur formation dans la plus grande ferme pédagogique d’Europe, avant d’appuyer eux-mêmes la formation professionnelle dans cette école d’Afrique centrale.

Sur le mur du réfectoire, nos yeux s’arrêtent sur une photo en noir et blanc d’un coureur cycliste. En guise de légende, on peut lire cette phrase pour le moins à propos : "Ton regard cherche un sentier inconnu, celui où personne n’est venu. Pieds bien calés, mains sur le guidon, tu es prêt à bondir vers ce nouvel horizon."


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