Les inégalités internes aux Etats du nord comme du sud augmentent

Depuis le début du siècle dernier, la richesse globale du monde n’a cessé de croître en même temps que la pauvreté, de telle sorte qu’aujourd’hui, les très riches côtoient les très pauvres.

Valentine Van Vyve
Les inégalités internes aux Etats du nord comme du sud augmentent
©Johanna de Tessières

Les différences de niveaux de richesse sont exacerbées à l'intérieur même des pays. La logique binaire n'existe plus : il n'y a plus qu'un seul nord et qu'un seul sud. Les associations appellent à un "nouvel ordre", juste et durable.

Depuis le début du siècle dernier, la richesse globale du monde n’a cessé de croître en même temps que la pauvreté, de telle sorte qu’aujourd’hui, les très riches côtoient les très pauvres. Selon Arnaud Zacharie, ce paradoxe nous mène à la croisée des chemins : “ Tous les fondements sur lesquels étaient établies au XXe siècle les relations Nord-Sud sont en train d’évoluer”, précise le secrétaire général du CNCD 11.11.11. Exit le nord riche et industrialisé d’un côté et le sud pauvre et en développement de l’autre.

Le fossé Nord-Sud se résorbe

Si les inégalités en termes de richesse sont encore bel et bien présentes entre le nord et le sud, depuis une décennie, elles tendent à se résorber. “Cette réduction des inégalités s’explique cependant en grande partie par les performances de la Chine, du Brésil ou de l’Inde, poids lourds démographiques, qui ont un impact très important sur le poids du sud”, tempère Arnaud Zacharie. Partant de ce constat, il considère que “la grille d’analyse Nord-Sud est dépassée. Il n’y a pas qu’un seul nord et qu’un seul sud : les caractéristiques de la Chine sont complètement différentes du Niger ou du Burundi”, fait-il remarquer.

Dans ce monde multipolaire marqué par l’affirmation de puissances régionales, il serait donc plus correct de décliner le sud au pluriel. Tant en ce qui concerne les richesses que les pays détiennent que la satisfaction des Objectifs du millénaire de l’Onu. Ceux-ci arrivent à échéance sans être parvenus à livrer la totalité des résultats escomptés, notamment dans la mise en place des systèmes de protection sociale. Près de trois quarts de la population mondiale en est encore dépourvue. Des efforts considérables sont à mentionner à cet égard au sein des pays émergents (BRICS), mais les résultats se font peu sentir dans les pays les plus pauvres, faute de moyens ou d’intérêt. “Il est important pour les pays en développement d’avoir la volonté de les mettre en œuvre, et pour les pays donateurs, de sortir de la logique d’assistance pour soutenir ces projets”, commente Arnaud Zacharie.

Des inégalités internes aiguës

Pour autant, les inégalités ne sont pas prêtes de disparaître. Loin de là. Celles qui existent au sein même de chaque pays tendent en effet à se faire de plus en plus prégnantes et ce “y compris dans les pays de l’Union européenne”, souligne Arnaud Zacharie. La croissance économique qu’enregistrent certains États est donc loin de bénéficier à toutes les franges de la population.

Une tendance que confirment les prévisions faites par Oxfam en marge du Forum économique mondial. En 2016, “1 % de la population détiendra plus que les 99 % restants”, expose Winnie Byanyima. La directrice générale de l’ONG britannique dénonce “l’ampleur vertigineuse des inégalités mondiales et la “rapidité avec laquelle l e fossé entre les grandes fortunes et le reste de la population se creuse ”.

Ces chiffres ont été contestés par certains économistes, selon lesquels “l’utilisation faite des données pose problème”, confie Alexandre Delaigue. L’économiste de Saint-Cyr dénonce part une image trompeuse des inégalités. Quoi qu’il en soit, Oxfam appelle les dirigeants internationaux à s’attaquer “aux intérêts particuliers des poids lourds qui font obstacle à un monde plus juste et plus prospère”. Et Arnaud Zacharie de plaider en faveur d’un “système démocratique de redistribution international et national”. À Davos, le “G 173” mis de côté

Un sommet économique mondial peut-il amorcer des pistes de solution ? “C’est un rendez-vous entre les dirigeants des pays occidentaux et émergents et ceux des grandes firmes transnationales”, souligne le secrétaire général du CNCD 11.11.11. À l’agenda de Davos, la situation des pays les plus pauvres est à peine abordée “ou alors sous l’angle des investissements dans les ressources naturelles qu’ils recèlent”. Et de prévenir du risque “derrière les relations entre pays industrialisés et pays émergents d’oublier les pays beaucoup plus pauvres – q ui se dénomment le G-173, par opposition au G-20 - de plus en plus marginalisés, dont la majorité vit des situations d’extrême pauvreté quasi généralisée”. À l’instar des pays émergents, “il faudrait qu’ils créent une alliance approfondie qui impose ses problèmes spécifiques à la table des négociations internationales”.

Pas de pilote dans l’avion de la mondialisation

L’ordre du monde évolue rapidement, “pour le meilleur comme pour le pire”, conclut Arnaud Zacharie. “Nous vivons dans un village planétaire, avec toutes les interdépendances que cela implique : les crises globales; financière, climatique, alimentaire, sociale et politique”. Or, “il n’y a pas de pilote dans l’avion de la mondialisation”. Selon lui, “on est dans une phase de transition qui soit nous permettra d’instaurer un nouveau mode de production et de consommation plus équitable et plus durablement réparti. Soit nous mènera vers une exacerbation des crises globales et des conflits internationaux..

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