Les mains dans le cambouis pour apprendre son métier
Au Bénin, on ne choisit plus la filière technique par défaut. Mais parce qu’un bon technicien trouve du travail.
Publié le 10-05-2016 à 00h00 - Mis à jour le 12-05-2016 à 10h58
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Au Bénin, on ne choisit plus la filière technique par défaut. Mais parce qu’un bon technicien trouve du travail.
"Doucement”. Traduction : “Pardon, je voudrais passer…” Un élève du collège Don Bosco, à Parakou, rejoint ses 500 condisciples parfaitement rangés dans la cour de l’école pour l’hymne “Enfants du Bénin debout” chanté par les terminales. Une tradition, accompagnée du lever de drapeau, pour entamer la semaine dans cette école privée d’enseignement technique et professionnel (CPET) au nord du Bénin. Voilà qui change d’un lundi à l’Institut Emile Gryson, école technique et professionnelle d’Anderlecht…
Les élèves bruxellois se rendront vite compte, en visitant les ateliers des cinq filières (électricité, mécanique générale, mécanique auto, génie civil, menuiserie), que ce n’est pas la seule différence – loin de là.
Directeur des études, enseignant, mécanicien de formation et chef d’atelier, M. Benoît l’assure : “Au Bénin, les parents sont en train de comprendre que pour faire avancer le pays, on a besoin de techniciens. A 18 ans, en sortant d’ici, nos élèves peuvent trouver un emploi”. Au CPET Don Bosco de Parakou, on assure un suivi des élèves pendant et après la formation, via un bureau d’emploi. “On prépare les apprenants au monde du travail et on donne des formations sur l’entreprenariat. On noue des partenariats avec des structures d’emploi publiques ou privées”, indique Mathieu, le coordinateur. N’empêche, ici comme ailleurs au Bénin, tout le monde rêve de devenir fonctionnaire – ce qui veut dire un emploi et des avantages assurés. Les mentalités évoluent doucement. “Créer sa propre entreprise, cela devrait entrer un peu dans les habitudes”, dit Mathieu.
Charles et Simon, deux élèves en génie civil, manient une brouette remplie à ras bord de sable. Ils transpirent à grosses gouttes, sans se plaindre, sous un soleil implacable. Là-bas, à l’extrémité de la cour, ils construisent des douches – une manière de mettre en pratique le savoir-faire récemment acquis. Frère Christophe dirige gentiment les opérations. “La plupart des élèves réussissent”, commente-t-il.
Dans la salle de cours de l’atelier électricité, on interrompt l’étude d’un transformateur triphasé. Pause obligée. Le courant a sauté, pour cause de délestage – ça arrive régulièrement, quartier après quartier. “Si on n’a pas le courant, on ne peut pas câbler”, sourit, résigné, le chef d’atelier.