Alter-ego béninois et belges
Move With Africa L’Athénée de Ganshoren à Bopa
- Publié le 22-05-2018 à 14h57
- Mis à jour le 24-05-2018 à 12h34
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Après trois jours passés avec l’Institut Saint-Vincent de Paul, les élèves de l’athénée Royal de Ganshoren retournent chez "eux", dans une des petites bâtisses du joli village de Bopa. Après le bruit de la ville de Porto-Novo ou l’agitation de Cotonou, à Bopa, au bord du fleuve Ahamé, la vie coule doucement et paisiblement dans les petites ruelles en terre rouge où les coqs et les poules se baladent en toute tranquillité.
Retour à la maison
"Bienvenue chez nous Constance", me dit Mehdi en passant le portail qui donne sur une petite cour en terre où se dressent un beau manguier et quelques grands palmiers. Les retrouvailles avec Desnos, l’éducateur d’Africapsud qui accompagne les élèves tous les jours sur place, sont chaleureuses et pleines de tendresse. "Tu nous as manqué Desnos" lui disent les élèves tour à tour. À peine rentrés, les jeunes réclament leurs correspondants béninois. "On ne leur donnerait pas rendez-vous ce soir pour un verre ?", propose leur professeure, Marie. Bien évidemment ! En quelques minutes le rendez-vous est conclu et Desnos prévient chaque correspondant qu’il est le bienvenu ce soir au bord du fleuve pour des retrouvailles arrosées. Les élèves n’ont pas tardé à retrouver leurs marques. Ils semblent déjà en totale harmonie avec le lieu qu’ils qualifient de "maison", et entament en riant un badminton improvisé et sans filet avec Desnos.
Bopa, village de rencontres
Un des principaux axes de travail du projet d’Africapsud, en collaboration avec le centre Carrefour Jeunesse à Comé, est la rencontre interculturelle. Pour favoriser les échanges culturels, des jeunes Belges, et,réciproquement, des jeunes Béninois, sont envoyés en Bénin ou en Belgique. Pendant environ deux semaines, ces jeunes Belges et Béninois du même âge partagent et vivent ensemble plusieurs activités. Le système, assez fluide, leur permet de se retrouver quand bon leur semble, en dehors des activités organisées pour discuter avec leurs correspondants ou, tout simplement, se balader à deux. Le programme est coconstruit entre jeunes et professeurs. "C’est vous qui construisez le programme, si vous avez envie de quelque chose, vous n’hésitez pas à nous le dire" explique Pierre, responsable éducation d’Africapsud. C’est depuis peu que le village de Bopa accueille ces rencontres interculturelles qui n’auraient pu y avoir lieu sans l’aide du fameux Ambroise, un homme d’une finesse et d’une gentillesse rares, qui met à disposition une de ses propriétés pour héberger les jeunes Belges. Bientôt les élèves passeront une première journée avec une personne exerçant un métier spécifique qu’ils accompagneront dans ses tâches quotidiennes. Ainsi, en harmonie avec les désirs de chacun, les jeunes passent des moments privilégiés les uns avec les autres. Ils découvrent petit à petit une autre culture, d’autres mœurs, d’autres pratiques et élargissent tout simplement leur univers de pensées.
La pêche traditionnelle
Après un petit verre pris la veille au soir sur le fleuve Ahémé, dans un lieu magique, en compagnie de Prince, le plus jeune de la bande qui rappe plus vite que son ombre, Desnos et tous les autres correspondants béninois se retrouvent à nouveau au bord du fleuve mais, cette fois, pour s’activer ! En effet, aujourd’hui Ambroise ainsi que plusieurs pêcheurs veulent nous montrer une technique de pêche traditionnelle. La pêche dans le fleuve Ahémé était très importante autrefois, mais aujourd’hui, à cause des barrages et de la pêche intensive, il reste bien trop peu de poissons dans le fleuve pour gagner suffisamment sa vie ou s’autosuffire. Les Belges comme leurs correspondants béninois, en contemplation devant les filets blancs, n’ont pas vraiment l’air de comprendre comment procéder. Pourtant la technique est très simple à comprendre. Les filets possèdent tous une corde blanche qu’il faut enrouler méticuleusement autour de son poignet. Il suffit ensuite de lancer les filets dans l’eau en les déployant le plus largement possible. Au bout de ces filets sont accrochés de petits poids en plomb qui les aident à couler et à se refermer sur leurs proies. Simple à comprendre ? Oui. Facile à appliquer ? Non. Il faut non seulement avoir un bon lancer et bien comprendre le geste, mais aussi et surtout l’envoyer sur des poissons. S’ensuivent multiples essais pour les élèves et leurs correspondants, pieds nus dans le fleuve au milieu d’enfants qui accourent peu à peu pour se baigner en cette chaleur de fin de journée.
Constance Frère