Sur la route des esclaves au Bénin
Entre la fin du 15e siècle et la fin de l’esclavage au Brésil en 1888, plus d’un million de personnes ont subi la traite négrière directement à partir du port d’Ouidah, l’un des centaines de lieux de départ forcé vers l’Amérique.
Publié le 24-05-2018 à 12h00 - Mis à jour le 24-05-2018 à 12h34
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Entre la fin du 15e siècle et la fin de l’esclavage au Brésil en 1888, plus d’un million de personnes ont subi la traite négrière directement à partir du port d’Ouidah, l’un des centaines de lieux de départ forcé vers l’Amérique. A Ouidah, le tourisme mémoriel se développe doucement au fil des années. "Tout est réglementé par l’Etat désormais", expliquait Nadal, notre guide ce jour-là. "Cette initiative était nécessaire afin de procéder aux visites dans le respect et d’offrir un éclairage correct et vérifié". Il est ainsi possible de parcourir les quatre derniers kilomètres de l’une de ces terrifiantes routes empruntées par les esclaves jusqu’aux bateaux qui les emmenaient au-delà de l’Océan Atlantique. Plusieurs étapes marquent ce trajet où une partie de la dizaine de millions d’Africains déportés sur l’ensemble du continent ont transité.
Les six étapes de la route des esclaves d’Ouidah
1) La Place Chacha également connue sous le nom de la place de la « Vente aux enchères » où les esclaves étaient notamment testés, marqués au fer et ensuite vendus.
2) L’arbre de l’oubli que les esclaves devaient contourner plusieurs fois afin d’oublier leur vie passée.
3) La case Zomaï où 600 esclaves étaient enfermés parfois jusqu’à six mois dans des conditions infernales.
4) Le mémorial où se situait à l’époque une fosse dans laquelle étaient jetés les esclaves considérés comme trop faibles.
5) L’arbre du retour qui symbolise le retour spirituel des esclaves exportés.
6) La Porte du Non-Retour où les esclaves embarquaient à bord des bateaux les convoyant jusqu’en Amérique.
L’autre regard/
Âgée de 17 ans, Lyne Girimana a été profondément secouée par la route des esclaves d’Ouidah. Elle livre son ressenti sur ce moment déchirant et singulier de ce périple avec Move With Africa.

Du rire aux larmes
Une carte blanche rédigée par Lyne Girimana, élève de l'Institut Sainte-Famille de Schaerbeek.
"Après nos formidables aventures au nord du Bénin, principalement à Natitingou, notre périple s’est ponctué par un passage à Ouidah, une ville reconnue pour son lourd passé. Nous avons parcouru une partie du chemin qu’empruntaient les esclaves africains il y a plusieurs siècles.
Ce fut une visite très marquante. Il suffisait d’observer chacun de nos visages, aussi bien les professeurs que les élèves, pour se rendre compte à quel point cela nous touchait.
A la fin de ce trajet, un immense monument nommé « Porte Du Non Retour » nous a fait face. Tout est dans son nom. Quand on l’a franchi, une plage splendide, fracassée par d’énormes vagues, s’est dessinée sous nos yeux. Et l’on s’y est aventuré.
S’en sont suivis des cris de joie, des rires, bref, un torrent d’euphorie. C’était assez déroutant de constater à quel point la joie avait pu nous gagner en sachant que sur ce même lieu, il y a tant d’années, des centaines de personnes se donnaient la mort pour ne pas rejoindre le continent américain.
Ce moment restera comme l’un des plus inoubliables, et certainement comme le plus poignant de mon voyage au Bénin."