Le Rwanda, un pays de résilience collective qui s’active !
De bon matin, les élèves de l'Institut de la Sainte-Union de Kain et de l'Institut Robert Schuman d'Eupen embarquent dans les deux minibus en route vers une destination inconnue.
- Publié le 21-06-2023 à 15h07
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Cela fait déjà 2 jours que les jeunes et leurs professeurs sont arrivés au Rwanda. La découverte de ce pays aux mille collines, de ses habitantes et de ses habitants, ne fait que commencer. "Vous voyez, les routes sont désertes mais nous avons une autorisation pour rouler aujourd'hui", relève Cyprien, coordinateur de l'ONG Aprojumap, le partenaire local de l'ONG belge Entraide et Fraternité qui encadre les deux groupes de Belges. En effet, le long de la route, les voitures sont arrêtées par des policiers qui interdisent l'entrée dans la ville de Butare, dans le district de Huye, où logeront les élèves pendant la majorité de leur immersion.

Umuganda, tous ensemble !
"Aujourd'hui, c'est un jour spécial. C'est l'umuganda", explique Cyprien face à nos regards perplexes qui observent par les fenêtres des minibus les personnes qui défrichent les alentours de la ville à l'aide de houes et de machettes en discutant paisiblement. En effet, tous les derniers samedis du mois au Rwanda, c'est l'umuganda, une journée consacrée au travail communautaire afin de servir la collectivité ou d'aider les personnes en difficultés. Au départ, cette journée informelle n'était pas obligatoire mais, depuis quelques années déjà, tout le monde se doit de participer à cette journée collaborative sous peine parfois d'amendes ou d'arrestations. "Disons que c'est vivement encouragé", rigole Cyprien au volant de sa voiture. Cette journée existe pour plusieurs raisons. "D'abord pour faire un travail difficile et long qui, lorsqu'il est réalisé à plusieurs, prend moins de temps et crée un sentiment de cohésion. Ensuite, ce sont évidemment des coûts en moins pour l'État puisque toute la communauté participe. Et, surtout, c'est l'idée d'unité et de réconciliation du pays qui cristallise l'importance d'une telle journée", explique Cyprien. En effet, après le terrible génocide des Tutsis de 1994, le pays, ruiné et dévasté, a dû trouver des solutions pour se relever et percevoir un avenir meilleur. Faire participer la communauté à des projets d'aide à autrui et à la communauté, c'est aussi recréer un sentiment d'appartenance à une ville, à un district, à un pays et panser les blessures de chacun et chacune, collectivement, pour une résilience nationale. "À travers une journée comme l'umuganda, nous voulons aussi montrer que nous pouvons régler nos problèmes nous-mêmes et que nous ne devons pas systématiquement dépendre d'aides étatiques, européennes ou américaines. Les Rwandais et les Rwandaises sont prêts à faire le travail et à résoudre en grande partie leurs problèmes nationaux eux-mêmes", poursuit Cyprien.

Une présentation participative
Garés aux alentours de la ville de Butare, les jeunes Belges sont accueillis au milieu des bois par une partie des habitantes et des habitants déjà au travail à l'aide de leurs houes. Après concertation des autorités du secteur avec les secrétaires exécutifs des cellules et les chefs de village, il a été décidé que ce samedi-ci, la communauté allait creuser des tranchées. En effet, dans ces forêts de pins sur les collines de la ville, le relief est abrupt et la saison des pluies s'annonce pour bientôt. Ériger des tranchées sous forme de canaux anti-érosifs permet de mieux préserver les sols et de prévenir l'effondrement des terres sur la route en contrebas. Quoi de mieux pour les élèves que de rencontrer la communauté du district en participant à cette journée symboliquement forte. "C'était beau de voir la communauté agir dans un seul but commun", s'exclame Ethan, un élève de Kain. "C'était incroyable cette cohésion, ils s'aident tous. Puis le rythme avec lequel ils le font, comparé à nous !" témoigne Éléonore, une élève de Kain également. En effet, les élèves n'étaient peut-être pas les plus rapides, ni les plus efficaces, mais cela n'avait pas beaucoup d'importance. L'objectif principal de cette journée de travail communautaire était de participer à un évènement commun pour apprendre doucement à se connaître.

Et pour que cela soit clair, avec ou sans les Belges, ce travail s’accomplit de toute façon tous les derniers samedis du mois. L’important c’est que, de cette activité commune, naissent les premières complicités, les premiers sourires, les premiers fous rires, également, et les premiers échanges. Ces rencontres, fondamentales aux yeux du projet Move with Africa, permettront à chacun et à chacune, Rwandais ou Belges, de déconstruire ses préjugés sur l’Afrique et l’Europe, d’apprendre à connaître la diversité des cultures humaines, d’être conscients des réalités de vie de tout un chacun et de revenir plus éveillés que jamais sur l’importance des liens qui unissent les humains du monde entier. Une vraie aventure de vie qui commence !