Un nouveau souffle pour la jeunesse grâce à Move with Africa

L'IATA de Namur est partie douze jours au Sénégal avec l'ASBL Asmae pendant les congés de détente.

Les élèves de l'IATA avec leurs correspondants et correspondantes sénégalais posent sur les racines d'un fromager millénaire.
Les élèves de l'IATA avec leurs correspondants et correspondantes sénégalais posent sur les racines d'un fromager millénaire.

Cela fait déjà un mois que le groupe de l’IATA de Namur est rentré du Sénégal mais il a fallu un peu de temps pour se réacclimater à la Belgique, retrouver ses repères et reprendre le fil de ses activités quotidiennes. Un mercredi après-midi du mois d’avril, les élèves, les professeurs et le responsable Asmae ont pris rendez-vous pour débriefer la formation et leur immersion. Jean-Thomas, responsable ECMS chez Asmae, est venu de Bruxelles pour orchestrer cette journée qui devrait permettre à tout le monde de s’exprimer sur l’immersion vécue à la ferme-école du village de N’doumbouj.

"Comment ça se passe depuis votre retour ? Qu'est-ce que vous gardez de votre expérience sur place ? Comment pouvez-vous donner une suite ici à ce que vous avez vécu ? Ce sont les questions auxquelles nous allons essayer de répondre aujourd'hui", explique-t-il. Pour ce faire, Jean-Thomas propose d'essayer de revisualiser les lieux. "Essayez de retracer la ferme et les différents lieux autour", dit-il.

Un lieu de rencontre

Pendant que les élèves se concentrent, dessinent et discutent, Yannick, professeur responsable du projet, se confie sur son expérience : "C'était vraiment magique, notre séjour là-bas. Il faut savoir que c'est compliqué aujourd'hui, l'éducation. Les élèves sont souvent déprimés et en décrochage scolaire. C'est une jeunesse qui a du mal à se projeter dans l'avenir qu'on leur propose. Je pense à la crise sanitaire du Covid-19, à la crise environnementale ou encore à la guerre en Ukraine. Les jeunes se posent des questions sur leur futur et le climat est clairement anxiogène. J'ai l'impression que Move with Africa a été un bol d'air pour eux. Cela a révélé des valeurs importantes pour chacun d'entre eux, une possibilité de vivre autrement".

En effet, les élèves, enthousiastes, ont rapidement fini le premier exercice et sont bientôt prêts pour raconter une anecdote sur leur immersion. Pour la plupart, les images des lieux sont encore claires dans leur esprit. À travers les discours de chacun, on perçoit assez facilement les lieux qui ont laissé une trace indélébile. La camionnette qui a conduit les élèves lors des déplacements et la pirogue qu’ils ont empruntée pour visiter les mangroves sont synonymes de chants, de musique et de moments de joie pour la plupart. La tente commune et le coin du feu allumé le soir sont aussi être des endroits clés où les élèves ont pu partager avec leurs correspondants et leurs correspondantes, en buvant un verre de thé.

Revenir et ensuite ?

Outre leur enthousiasme, les élèves évoquent également le retour qui semble avoir été compliqué. "Quand on me demande comment c'était, je dis que c'était formidable mais je n'arrive pas à mettre plus de mots dessus. C'est dur pour moi de parler d'un truc aussi puissant", témoigne Gaspard au reste de la classe. "Moi, j'ai tout simplement arrêté d'en parler parce que c'est indescriptible ce qu'on a vécu. Je n'arrive pas à exprimer mes ressentis et on sent un décalage avec ceux qui ne sont pas partis. Il y a eu de vrais changements en moi et, ça, ma mère ne l'a pas encore perçu", continue Margot, émue. Sachant qu'un retour après une telle immersion ne laisse personne indemne, Jean-Thomas est déjà sur le coup à l'aide d'un deuxième exercice. Cette fois-ci, les élèves doivent écrire sur des post-it qu'ils devront ensuite placer sur 4 grands axes tracés sur le tableau. Les quatre axes posent quatre questions. Qu'ai-je appris de moi ? Qu'ai-je appris des autres ? Ma vision du monde a-t-elle changé ? Et, qu'ai-je envie de faire maintenant que je suis de retour ? Après un petit moment de solitude pour y réfléchir, un à un, les élèves s'expriment au tableau en plaçant leurs post-it sur les axes.

"Moi je suis beaucoup plus consciente de ne pas gaspiller l'eau", raconte Pilar, ce qui est largement approuvé par tout le monde. Chacune et chacune semble s'être rendu compte qu'un simple seau d'eau suffit amplement pour se laver quotidiennement. "C'est le rythme de vie qui m'a le plus marquée. C'était compliqué de revenir en Belgique à cause de ça. En fait j'ai l'impression qu'on ne vit pas pleinement notre journée ici", témoigne Marie, professeure à l'IATA. Cette sensation partagée par tout le monde exprime ce en quoi le choc culturel du retour semble avoir été le plus fort. Divers sujets émergent, comme l'envie de faire plus attention au tri des déchets, de s'investir dans des composts, de manger moins de viande, de garder un esprit ouvert et d'aller vers les autres. "Moi, j'ai vraiment remarqué que j'avais de moins en moins de tolérance avec certains propos. Les blagues racistes et tout ça, ça ne passe plus du tout", raconte Odile. Et Gaspard renchérit : "J'ai un copain au foot, il est Égyptien et il y a beaucoup de petites blagues sur ses origines. Avant je faisais avec mais maintenant ça me tend", dit-il. Un bel exemple des objectifs du projet qui est de permettre aux jeunes de comprendre les réalités de vie de chacune et chacune et de développer ce que Jean-Thomas appelle des "antennes". "En ayant vécu ce type de projet, vous avez développé des antennes et une certaine sensibilité. Cela n'est pas évident parce qu'il y a des choses qui nous touchent plus, même parmi nos proches et nos amis. Mais voilà, il faut communiquer, il faut sensibiliser et il faut parler", explique-t-il.

Il est difficile de clôturer ce débriefing tant les élèves ont de choses à raconter sur leur expérience. Ce qui est sûr, c'est que chacun et chacune aspire à des changements dans son quotidien et à la transmission des valeurs apprises tout au long du projet. "Je n'ai pas encore pensé à des actions concrètes pour changer ma vie mais je pense que cette expérience aura un impact parce que je compte être institutrice primaire. J'ai envie d'utiliser le fait que je pourrais transmettre des valeurs à des enfants et les valeurs que j'ai apprises ici c'est important", témoigne Coline, professeure en herbe de l'IATA.

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