Destitution: les Démocrates resserrent l’étau sur Donald Trump
La Commission de la Justice prépare l’acte d’accusation. Que des élus voudraient élargir aux suspicions de Mueller dans l’affaire russe. Éclairage.
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- Publié le 04-12-2019 à 06h30
- Mis à jour le 04-12-2019 à 08h42
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La Commission de la Justice prépare l’acte d’accusation. Que des élus voudraient élargir aux suspicions de Mueller dans l’affaire russe.
Si Donald Trump est physiquement présent à Londres pour un sommet de l’Otan, ces mardi et mercredi, son esprit est très probablement ailleurs. Bien qu’il l’ait encore ravalée au rang de "canular" dans un tweet, la procédure d’impeachment ne saurait rester très éloignée de ses préoccupations, a fortiori au moment où elle entre dans une nouvelle phase. La Commission du Renseignement de la Chambre des représentants devait adopter mardi soir son rapport sur les accusations portées contre le Président. La Commission de la Justice prendra le relais, ce mercredi, en organisant un premier débat en vue d’établir les "articles d’impeachment" qui seront soumis au vote de la Chambre, sans doute d’ici à Noël.
Le président de la Commission de la Justice, Jerry Nadler, député démocrate de New York, avait convié Donald Trump à participer à cette séance, en personne, en se faisant représenter par ses avocats, ou en soumettant d’éventuelles questions par écrit. La réponse a été un non catégorique. "On ne peut légitimement attendre que nous y participions, alors que les noms des témoins n’ont pas été rendus publics et qu’il reste douteux que la Commission offre une procédure équitable", avait commenté dimanche le conseiller juridique de la Maison-Blanche, Pat Cipollone.
Donald Trump a, pour sa part, estimé lundi que c’était une "véritable honte" que les Démocrates organisent une audition, alors qu’il se trouvait à l’étranger. Un déplacement à Londres "fixé il y a un an", selon le Président, qui a jugé l’offense d’autant plus intolérable qu’il s’agit de "l’un des voyages les plus importants" pour un locataire de la Maison-Blanche. Donald Trump n’avait pourtant pas hésité à annuler un déplacement, début septembre, au Danemark (parce qu’on n’y avait pas apprécié son idée de racheter le Groenland) et un autre en Pologne (parce que le Président entendait suivre de près la marche de l’ouragan Dorian au large de la Floride).
Un champ d’accusation élargi au rapport Mueller ?
La Commission de la Justice devrait considérer au moins quatre chefs d’accusation : abus de pouvoir, corruption, entrave à la bonne marche du Congrès et entrave à la Justice. Les élus plus radicaux voudraient, cependant, ne pas limiter ceux-ci à l’affaire ukrainienne et exploiter notamment les sous-entendus du rapport Mueller sur l’ingérence russe dans l’élection de 2016 pour montrer que le comportement délictueux du Président ne relève pas du cas isolé, mais d’un mode de fonctionnement récurrent.
L’idée n’emballe guère les Démocrates modérés, qui redoutent de donner ainsi des arguments à ceux qui leur reprochent de se livrer avant tout à un lynchage politique. De toute manière, quelles que soient finalement l’étendue de l’acte d’accusation et la pertinence des arguments avancés, la religion des Républicains semble faite. Ils ont largement fait circuler lundi soir leurs propres conclusions sur l’enquête menée contre le Président. Un volumineux cahier qui établit de façon irréfutable, selon eux, la totale innocence de Donald Trump. "Great job", a réagi l’intéressé sur Twitter.
La campagne démocrate
Biden, candidat d’un autre temps ?
Dans l’Iowa, où il tente de remonter dans les sondages à deux mois des célèbres caucus qui ouvriront la saison des primaires, Joe Biden effectue une tournée électorale de huit jours dans un bus marqué au nom de sa campagne.
Le slogan que le prétendant à l’investiture démocrate a choisi en a surpris plus d’un, cependant, et provoqué d’innombrables moqueries sur les réseaux sociaux et dans les shows humoristiques : "No Malarkey !", l’équivalent de "Trêve de balivernes !" ou "Assez de fadaises !".
La cible est, certes, facile à identifier : le menteur pathologique que Donald Trump est aux yeux de ses adversaires et détracteurs. Mais l’expression est pour le moins désuète. "S’il vous plaît, renvoyez celui qui a eu l’idée de ce slogan de campagne dans les années 1950", a tweeté un internaute. Pour beaucoup, la formule contribue à dépeindre l’ancien vice-président en personnage d’un autre temps, une impression qu’il avait déjà donnée, lors d’un débat télévisé, en invitant ses compatriotes à faire fonctionner leurs "tourne-disques", le soir, à la maison.
Le message pourrait, toutefois, parler aux électeurs de plus de cinquante ans sur lesquels Joe Biden mise pour remonter la pente dans l’Iowa (il est à la traîne derrière ses rivaux, Pete Buttigieg, Elizabeth Warren et Bernie Sanders). Quant aux plus jeunes, qui assurent n’avoir jamais entendu ce mot auparavant, ils pourront à tout le moins être reconnaissants au candidat pour avoir appris quelque chose au cours de cette campagne.