Le Prince Andrew n’échappera pas à la justice américaine: la plainte pour viol est recevable
S’il ne règle pas l’affaire financièrement, le procès aura lieu cet automne.
Publié le 12-01-2022 à 22h31 - Mis à jour le 26-01-2022 à 21h12
Virginia Giuffre a atteint son objectif : sa plainte pour viol contre le prince Andrew a été jugée recevable par le juge new-yorkais Kaplan, chargé de l’affaire. Son procès devrait avoir lieu cet automne. Cette femme accuse le duc d’York d’avoir eu trois relations sexuelles forcées avec elle en 2001, alors qu’elle était âgée de 17 ans. Elle faisait partie d’un circuit mis en place par le financier et pédophile Jeffrey Epstein, qui l’aurait rémunérée 15 000 dollars pour son rendez-vous initial avec le prince Andrew.
Le deuxième fils de la reine Elizabeth II a toujours nié avoir eu la moindre relation avec son accusatrice, malgré l'apparition d'une photo de lui tenant par la taille la jeune femme, alors appelée Virginia Roberts. Lors d'un entretien diffusé en novembre 2019 sur la BBC, il avait tenté de se disculper : "Je n'ai pas le moindre souvenir d'avoir jamais rencontré cette dame." Quatre ans auparavant, suite à la première plainte déposée par la jeune femme, le porte-parole du palais de Buckingham avait "nié de manière emphatique que le duc d'York ait eu toute forme de contact ou de relation sexuelle avec Virginia Roberts. Toute affirmation du contraire est fausse et sans fondation". La Reine doit aujourd'hui regretter d'avoir volé au secours de celui qui est présenté comme son fils préféré.
Un accord secret ambigu
Lors de l'audience vidéo organisée la semaine dernière entre les différentes parties, ses avocats ont tenté d'éviter un procès en s'appuyant sur un accord secret signé le 17 novembre 2009 entre Jeffrey Epstein et Virginia Giuffre. En échange du versement de 600 000 euros et d'autres choses de valeur non décrites, cette dernière avait en effet accepté d'arrêter toutes les plaintes contre Jeffrey Epstein mais aussi contre "n'importe quelles autres personnes ou entités qui pourraient être incluses en tant que défendant potentiel", comme le révèle le texte de l'accord publié la semaine dernière. Les avocats du prince Andrew estiment que leur client est "quelqu'un qui n'était pas nommé comme défendant mais qui aurait pu l'être".
Le juge Kaplan a rejeté cette interprétation. Dans son jugement de 44 pages, il a indiqué que le prince Andrew ne pouvait pas être protégé par un accord dont il ne connaissait pas l'existence. D'autant plus que le fait qu'il ne soit pas cité ne permet pas "de démontrer clairement et sans ambiguïté" qu'il était couvert par cet accord.
Avec l’esclandre, le mal est fait
Même s’il pourrait faire appel auprès d’une cour de justice fédérale, le prince Andrew voit l’étau se resserrer autour de lui. Élément important : lors de ce procès au civil, Virginia Roberts Giuffre cherche à obtenir une compensation financière à ce qu’elle estime être des sévices subis. À moins qu’il soit prouvé que le duc d’York a menti aux autorités, il ne sera donc pas condamné à une peine de prison.
C’est d’ailleurs la raison pour laquelle le procès pourrait ne pas avoir lieu : le prince Andrew pourrait verser une somme d’argent à son accusatrice, comme l’avait fait Jeffrey Epstein en 2009. Même s’il n'était pas lavé des soupçons qui pèsent sur lui, sa réputation personnelle est à jamais ternie. La famille royale pourrait donc le pousser vers cette issue afin d’éviter tout embarras supplémentaire. Un procès serait en effet désastreux pour l’image des Windsor, notamment en raison de la description des accusations sexuelles portées contre le prince Andrew. Et ce même s’il refuse de témoigner en personne au procès, ce qu’il est autorisé à faire. Le timing de cette annonce se révèle au final malheureux puisque le palais de Buckingham a révélé lundi le programme des célébrations prévues du 2 au 5 juin pour le jubilé de platine, les 70 ans d’Elizabeth II sur le trône. Des célébrations au goût très particulier.