CNN s'en prend à Donald Trump après sa déclaration de soutien à Poutine
Alors que la tension monte sur la ligne de front ukrainienne, Donald Trump a assuré que Vladimir Poutine n’aurait jamais agi de la sorte sous son administration. Il s'est aussi vanté de sa proximité avec le président russe. Des déclarations qui dérangent certains Américains. La chaîne de télévision CNN analyse et critique ce mercredi les déclarations de l'ancien président.
Publié le 23-02-2022 à 17h34 - Mis à jour le 23-02-2022 à 17h46
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Depuis que Vladimir Poutine a reconnu lundi l'indépendance de deux territoires séparatistes dans l'est de l'Ukraine, la crainte d'une escalade militaire aux portes de l'UE s'intensifie. La Russie est soupçonnée depuis des semaines de préparer une invasion de son voisin, à qui il impose une guerre depuis huit ans déjà.
Les dirigeants du monde entier s'expriment tour à tour sur la récente décision du président russe. Les pays occidentaux et le Japon ont déjà annoncé une première salve de sanctions contre le Kremlin. Et l'Otan a promis son soutien aux Ukrainiens. Dans ce climat ultra tendu, les déclarations et décisions américaines sont très attendues. Joe Biden a pris la parole hier lors d'une conférence de presse à la Maison Blanche pour constater "un début d'invasion russe en Ukraine". Le président des Etats-Unis dénonce "une violation flagrante du droit international, qui exige une réponse ferme de la communauté internationale".
Mais Joe Biden n'était pas le seul politique américain à s'exprimer sur les tensions ukrainiennes ce mardi 22 février. Habitués à voir les Etats-Unis faire bloque face à la Russie, certains observateurs se sont offusqués de la prise de parole de Donald Trump, prédécesseur de Joe Biden et potentiel futur candidat à sa succession. Dans une émission radio conservatrice, le 45ème président des Etats-Unis a expliqué qu'il avait regardé la déclaration de Poutine sur la reconnaissance de l'indépendance des deux territoires séparatistes russes. "Je me suis dit que c'était du génie", a commenté le milliardaire. "Je me suis demandé: 'à quel point est-ce intelligent?' Il va entrer (en Ukraine, ndlr.) et être un soldat de la paix. Non seulement Poutine obtient ce qu'il a toujours voulu, mais il s'enrichit de plus en plus grâce à l'essor du pétrole et du gaz", constate avec admiration l'ancien président qui assure "très très bien" connaître Vladimir Poutine. Donald Trump a profité de ce passage à la radio pour étriller la gestion de cette crise par Joe Biden qu'il qualifie de faible et insignifiante. Selon lui, Poutine "n'aurait jamais fait sous l'administration Trump ce qu'il fait maintenant." Lors de cette prise de parole, Donald Trump a toutefois appelé à des sanctions plus fortes à l'encontre de la Russie.
"Choquant, même de la part d'un égocentrique comme Donald Trump"
Dans une analyse pour le média CNN, le journaliste Stephen Collinson, qui couvre la politique américaine, se désole des mots de l'ancien président. "Il n'a fallu que 24 heures à Donald Trump pour qualifier le démembrement de l'Ukraine indépendante, démocratique et souveraine comme un acte de "génie", chronomètre le journaliste. Bien qu'habitué à voir l'ancien président insulter ou accuser ses ennemis de trahison, bien qu'habitué à "l'égocentrisme" du milliardaire, le représentant de CNN trouve "choquante" cette "précipitation de l'ancien locataire de la Maison-Blanche à se ranger du côté d'un dirigeant étranger qui s'avère être un ennemi des États-Unis et de l'Occident".
"Alors que le président Joe Biden reprend le rôle présidentiel légendaire de leader du monde libre, le prédécesseur qui veut lui succéder montre à Poutine que l'impunité, la dictature et le culte du héros reviendront s'il regagne la Maison Blanche", note la chaîne d'information. Des remarques, qui selon nos confrères américains, ne trouveront pas seulement un accueil chaleureux au Kremlin. Elles inquiéteront probablement également "les alliés qui se tiennent aux côtés des États-Unis contre la Russie et qui craignent pour l'avenir de l'OTAN si Trump revient".
Le jeu politique
Un demi mandat après le départ de Donald Trump, celui-ci garde une immense influence sur le GOP et son électorat. À l'approche des élections de mi-mandat ("midterm elections"), il est compliqué d'être républicain et de s'opposer publiquement à Donald Trump. Avec de tels propos, Stephen Collinson estime que Trump a également envoyé "un message sans équivoque aux Républicains, qui font déjà le jeu de Vladimir Poutine en qualifiant le président actuel de faible. Se ranger du côté de l'ennemi des États-Unis est le moyen de gagner l'affection de l'ex-président avant les primaires de mi-mandat de cette année."
L'ex-président tente de saper la politique étrangère américaine actuelle. Alors qu'une guerre pourrait tuer des milliers de personnes et menacer la paix de l'après-guerre froide, le jeu politique continue.
La chaîne américaine déplore les dires de Trump mais ne se dit pas étonnée pour autant de son comportement. "Il n'est pas surprenant que Trump fasse l'éloge de tout ce que fait Poutine, étant donné sa génuflexion devant le dirigeant russe lorsqu'il était au pouvoir. Étant donné qu'il a tenté d'organiser un coup d'État qui aurait détruit la démocratie américaine", allume le journaliste.
"Il n'est pas non plus choquant qu'il ne s'inquiète pas de la perte de la liberté ukrainienne. Trump s'est déjà tenu côte à côte avec Poutine lors d'un sommet à Helsinki et a critiqué les agences de renseignement américaines qui affirmaient que Moscou avait interféré dans l'élection de 2016 pour l'aider. Et Trump a lui-même entaché la démocratie ukrainienne, en cherchant à extorquer le président Volodymyr Zelensky pour qu'il annonce une enquête sur son rival démocrate de l'époque, Joe Biden", rappelle Stephen Collinson.