Diplo pour les nuls : Les fautes "techniques" de Donald Trump
Une diplomatie pour les nuls signée Philippe Paquet.
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- Publié le 07-08-2023 à 17h07
- Mis à jour le 07-08-2023 à 18h29
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Confronté à une cascade de rendez-vous judiciaires, Donald Trump cherche à gagner du temps en tirant sur toutes les ficelles de la procédure, avec l’espoir d’être sauvé par le gong de novembre 2024 et de retourner à la Maison-Blanche plutôt que d’aller en prison. Il a indiqué vouloir ainsi faire récuser la juge fédérale Tanya Chutkan et délocaliser loin de Washington, une ville “hostile”, le procès qui lui est intenté pour son rôle dans l’assaut du Capitole et ses tentatives de renverser le verdict électoral de 2020.
Si l’attitude n’est pas glorieuse, elle n’est pas non plus exceptionnelle, ni propre à l’ancien président américain. Un Nicolas Sarkozy ne s’y était pas pris autrement pour retarder la chute du couperet. Dans le cas de Donald Trump, on comprend mieux ce forcing après avoir entendu dimanche, sur pas moins de cinq plateaux de télévision, un de ses avocats conclure en substance que, si son client était coupable, ce ne serait, somme toute, pas si grave.
Si l’ex-Président avait commis “une violation technique de la Constitution”, ça ne ferait pas de lui “un criminel”, a soutenu Me John Lauro, en référence aux pressions exercées par Donald Trump sur Mike Pence pour qu’il invalide les résultats de la présidentielle dans plusieurs États où il avait été battu. Pence avait résisté, arguant qu’un vice-président n’avait pas un tel pouvoir. Il affirme aujourd’hui que son patron – qui, accessoirement, l’avait abandonné dans la foulée à la vindicte meurtrière des émeutiers du 6 janvier 2021 – s’était mis “au-dessus de la Constitution”.
Avec une telle ligne de défense, Donald Trump a toutes les chances de finir derrière les barreaux. Car plaider la faute “technique”, l’erreur d’appréciation, la faiblesse du raisonnement, voilà qui paraît un peu léger quand l’accusation parle de “complot contre l’État américain”, de mise en péril de la démocratie, bref de coup d’État. On croirait revivre l’époque où Kellyanne Conway, la conseillère du Président, inventait la notion de “faits alternatifs” pour expliquer comment, dans le monde de Donald Trump, la vérité et le mensonge pouvaient avoir le même degré de réalité.
Il est vrai que les émules du président républicain ont du mal à se départir de la certitude qu’ils vivent sur une planète bien à eux. Ainsi, dans la Floride de Ron DeSantis, le gouverneur conservateur qui rêve de barrer la route à Donald Trump en 2024, le département de l’Éducation a revu les programmes du secondaire afin que les élèves y apprennent que l’esclavage avait du bon. Les esclaves n’ont-ils pas fini par acquérir des compétences dont ils ont personnellement profité, avant d’en transmettre le bénéfice à leurs descendants ? Et si l’idée en choque certains, il se trouvera bien un avocat “cinglé” (selon l’expression de Mike Pence) pour expliquer que cela ne fait pas de ceux qui la défendent, des criminels.