Les procès de Donald Trump ne présentent pas que des inconvénients pour sa campagne présidentielle
Ses multiples comparutions en justice vont empêcher l'ex-Président d'aller sur le terrain. Mais il va jouir d'une attention médiatique soutenue et... gratuite, tandis que Joe Biden devra réussir le tour de force d'imposer sa présence.
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- Publié le 29-08-2023 à 16h29
- Mis à jour le 29-08-2023 à 17h44
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Comment Donald Trump parviendra-t-il à concilier sa campagne présidentielle et ses multiples comparutions en justice ? Et quel impact ces procès auront-ils sur ses chances de remporter l’investiture du Parti républicain, voire l’élection du 5 novembre 2024 ? Ces questions obsèdent maintenant que le calendrier judiciaire se précise – il ne reste plus qu’à fixer les rendez-vous en Géorgie, dans le cadre de la dernière inculpation en date de l’ex-Président – et que les échéances politiques se rapprochent.
Le caractère spectaculaire de la procédure en Géorgie, avec la diffusion d’une photo d’identité judiciaire historique, la gravité des charges retenues et le grand nombre d’inculpés, a quelque peu occulté le fait que Donald Trump affronte au moins sept actions en justice. Avant les quatre procès pénaux qui défraient la chronique, l’ancien Président devra se défendre dans trois procès civils (d’autres pourraient s’ajouter) : deux affaires de fraude commerciale (des audiences sont prévues, à New York, le 2 octobre et le 29 janvier) et un nouvel épisode dans la plainte en diffamation déposée par la journaliste E. Jean Carroll, qui accuse Trump de l’avoir sexuellement agressée en 1996 et a déjà obtenu cinq millions de dollars de dommages-intérêts.
Donald Trump n’est pas obligé de comparaître en personne dans ces procès civils. Il n’en demeure pas moins qu’ils pollueront déjà le climat dans lequel le candidat fera campagne. L’audience dans l’affaire Carroll est programmée à New York le 15 janvier prochain, soit le jour des caucus de l’Iowa, qui donnent traditionnellement le coup d’envoi des primaires. Les temps forts du début de campagne vont alors se succéder avec le New Hampshire, le Nevada, la Caroline du Sud et le Michigan, jusqu’au Super-Mardi du 5 mars – le plus gros enjeu des primaires avec une quinzaine d’États aux urnes, dont le Texas et la Californie. Deux semaines plus tard, cinq autres se prononceront, dont deux, la Floride et l’Arizona, sont importants pour les Républicains.
Les cauchemars de mars
Pour les prétendants à l’investiture de leur parti, tout peut se jouer en mars : à la fin du mois, plus de la moitié des délégués aux Conventions démocrate et républicaine aura été allouée. Les candidats doivent donc tout donner dans les semaines qui précèdent. Or, Donald Trump aura deux procès à préparer. Le 4 mars, la veille du Super-Mardi, débutera à Washington celui dans lequel il est accusé de complot. Et, le 25 mars, celui dans lequel il est poursuivi, à New York, pour les paiements occultes faits à l’actrice porno Stormy Daniels en 2016.
Dans ces procès, comme dans celui qui s’ouvrira le 20 mai, en Floride, concernant les documents confidentiels retrouvés à Mar-a-Lago, et dans celui qui se déroulera en Géorgie, Donald Trump devra assister à de longues audiences pendant des jours ou des semaines, dans quatre lieux différents – du temps qu’il ne pourra pas consacrer à faire campagne sur le terrain.

Une tribune pour dénoncer sa persécution
La situation n’aura, certes, pas que des inconvénients pour l’ex-Président. Que les audiences soient ou non retransmises en direct, il est assuré d’une couverture médiatique quotidienne, massive et gratuite. Il pourra inlassablement faire entendre sa voix et répéter à ses électeurs qu’il est victime “des persécutions de la gauche radicale”. Dans ce tourbillon, Joe Biden devra réussir le tour de force d’imposer sa présence, en résistant à la tentation d’exploiter les déboires de son adversaire d’une manière susceptible d’accréditer la thèse d’un complot démocrate.
Tout cela sans compter le coup de théâtre que représenterait une décision de justice en cours de campagne. Une condamnation de Donald Trump, même suspendue à des recours, l’affaiblirait incontestablement, tandis qu’un acquittement ou tout ce qui pourrait s’apparenter à une victoire ruinerait probablement les espoirs de ses rivaux républicains (si tant est qu’ils en caressent encore) et compliquerait la tâche de Joe Biden. C’est triomphant que l’ex-Président se rendrait alors, à la mi-juillet, à la Convention du Parti républicain à Milwaukee – loin de l’humiliation essuyée en 2016 quand les élites l'avaient boycotté.