Tentative de coup d'État au Brésil: les juges infligent de lourdes peines aux émeutiers de Brasilia
Ils ont tenté de prendre d’assaut les symboles du pouvoir suite à la défaite de leur favori, Jair Bolsonaro.
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- Publié le 15-09-2023 à 20h22
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Jair Bolsonaro, l’ancien président brésilien d’extrême droite, n’a jamais caché sa profonde admiration pour Donald Trump. Comme son collègue américain, l’ancien militaire brésilien se présentait comme antisystème, antivax, viscéralement opposé à la gauche, aux élites politiques et la liste est loin d’être exhaustive…
Tout au long de la campagne pour sa réélection, face à des sondages qui lui ont toujours été défavorables, Jair Bolsonaro, qui avait assisté à la défaite de Trump, n’a cessé de critiquer le système électoral de son pays, jetant particulièrement le doute sur le vote électronique, faisant rapidement planer le risque de ne pas accepter le verdict des urnes en cas de défaite.
Dans ce contexte, sa défaite face à Luiz Inacio Lula da Silva, le candidat de la gauche, a achevé de fracturer tout un peuple et a abouti, après des semaines de contestations, à de violentes émeutes à Brasilia, le siège des institutions du pays. Des faits qui se sont déroulés le 8 janvier 2023, deux ans et deux jours après celles du Capitole de Washington menées par des partisans de Donald Trump le jour de la certification des résultats du vote du collège électoral de l’élection présidentielle américaine de 2020 et la victoire du président élu Joe Biden.
Premier procès
Le parallélisme avec la situation américaine se confirme encore aujourd’hui avec, sur un tempo plus soutenu, les premières comparutions et les premières condamnations des émeutiers brésiliens par la Cour suprême.
Ce 14 septembre, dans le premier procès pour ces faits, une large majorité des 11 magistrats de la Cour suprême a jugé Aecio Lucio Costa Pereira, 51 ans, et Thiago Mathar, 43 ans, coupables des cinq charges qui pesaient contre eux. Ils ont été, respectivement, condamnés à 17 et 14 ans de prison. Plus tard jeudi soir, la Cour a également condamné Matheus Lima de Carvalho à 17 ans de prison.
Le 8 janvier "n'a pas été une promenade du dimanche. Cela a été un dimanche de dévastation, le jour de l'infamie", a lancé Rosa Weber, présidente de la plus haute juridiction du pays, où ce procès d'émeutiers bolsonaristes avait débuté 24 heures plus tôt.
"L'objectif était, en faisant usage de la violence, de mettre Brasilia en état de siège et de propager dans tout le pays la pratique d'actes criminels qui portent atteinte à l'État de droit", a dénoncé le juge Cristiano Zanin. Pour le juge rapporteur Alexandre de Moraes, les manifestants voulaient "convaincre l'armée d'adhérer à un coup d'État". Il a montré une vidéo partagée par le premier condamné Aecio Lucio Costa Pereira sur les réseaux sociaux dans laquelle il s'était filmé dans l'hémicycle du Sénat, célébrant l'invasion et portant un t-shirt flanqué des mots "Intervention militaire".
232 émeutiers poursuivis
Au total, le parquet brésilien a engagé des poursuites contre 232 personnes.
Jair Bolsonaro, qui se trouvait aux États-Unis le 8 janvier, est sous le coup d’une enquête visant à découvrir s’il a joué un rôle d’instigateur des violences. Il nie catégoriquement toute implication.
Fin juin, il a été condamné à huit ans d’inéligibilité pour avoir disséminé de fausses informations sur le système électoral avant le scrutin.
Les enquêteurs se penchent aussi sur les responsabilités au sein de l’armée et de la police dans les événements du 8 janvier. Le mois dernier, des membres du haut commandement de la police militaire de Brasilia ont été arrêtés pour "omission", le parquet évoquant une "profonde contamination idéologique" au sein des forces de l’ordre.