Rétabli, Donald Trump exploite sa guérison du Covid pour relancer sa campagne
Il enchaîne les meetings afin de rattraper son retard dans les sondages.
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- Publié le 15-10-2020 à 06h59
- Mis à jour le 15-10-2020 à 10h28
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Si l’on voulait une preuve que Donald Trump est, selon toute apparence, bien rétabli après sa contamination par le Covid-19, on la trouverait assurément dans les meetings électoraux qu’il s’est résolu à enchaîner à trois semaines du scrutin présidentiel : en Floride lundi, en Pennsylvanie mardi, et dans l’Iowa mercredi. Mais on la trouverait aussi dans le retour frénétique du Président sur Twitter, où il déverse de nouveau son fiel sur son adversaire démocrate : mardi soir, il a retweeté un "mème" caricaturant Joe Biden dans un fauteuil roulant, entouré de vieillards invalides, avec le slogan "Biden for Resident" (résident, bien sûr, d’une maison de repos).
Alors que ses détracteurs y ont vu la preuve ultime de l’échec de sa gestion de l’épidémie ("Il n’a pas pu protéger la nation comme il n’a pas pu se protéger lui-même"), Donald Trump entend, au contraire, faire de son infection par le coronavirus un avantage. Sa brève maladie et sa rapide convalescence témoignent, selon lui, de son courage et de sa vigueur, des qualités qu’il oppose à la lâcheté et la fragilité supposées de son adversaire à qui il reproche de faire campagne terré dans le bunker de sa résidence au Delaware.
Des sondages toujours défavorables
Le Président n’a pas d’autre choix que d’occuper le terrain. Il accuse, dans les sondages sur les préférences des Américains au niveau national, un retard de 10 à 15 % sur Joe Biden, un écart rarement enregistré à ce stade de la campagne. Le vote populaire n’est naturellement pas ce qui importe pour gagner l’élection présidentielle, mais, dans la dizaine de swing states ou "États pivots" qui feront la différence, le 3 novembre, Biden est donné soit en tête, soit au coude-à-coude avec son rival.
Or, tandis que l’épidémie connaît aux États-Unis comme en Europe un rebond menaçant, le Covid-19 va considérablement influencer le choix des électeurs et, en particulier, dans une tranche d’âge que Donald Trump ne semble plus en mesure de séduire : la sienne. Les 60 ans et plus font manifestement davantage confiance à Joe Biden, et railler celui-ci, en se moquant de ceux-là, n’est peut-être pas la stratégie la plus subtile, surtout quand on est à peine moins âgé que son rival. Le vote des seniors sera crucial dans un État clé comme la Floride, où la population est largement composée de retraités.
Sans doute le Président est-il bien placé pour savoir quoi penser des sondages (pratiquement aucun n’avait prédit sa victoire en 2016). L’ampleur de l’avance dont Joe Biden est crédité n’en nourrit pas moins une vive inquiétude à la Maison-Blanche, raison pour laquelle Donald Trump juge urgent de repasser à l’offensive.
Deux "town halls" simultanés
Le Président regrette visiblement d’avoir renoncé un peu vite à la tribune nationale que lui offrait le deuxième débat télévisé, initialement programmé ce jeudi à Miami. Il avait refusé d’y participer après que la commission eut transformé le face-à-face prévu en rencontre virtuelle pour tenir compte du risque présenté par la contamination de Donald Trump. Le débat annulé, Joe Biden a choisi de répondre, de son côté, aux questions des électeurs, ce jeudi soir, lors d’un town hall à Philadelphie retransmis en direct par ABC. Donald Trump a réagi en organisant lui aussi, au même moment, un "débat sur la place publique" à Miami, lequel sera diffusé par NBC.
La Cour suprême en toile de fond
Si les deux candidats se disputent la lumière, c’est, sinon dans l’ombre, du moins plus loin des projecteurs, que se déroule une autre confrontation susceptible de peser sur l’élection : l’audition, devant la commission de la Justice du Sénat, d’Amy Coney Barrett, la juge conservatrice que Donald Trump a choisie pour succéder à feu la libérale Ruth Bader Ginsburg à la Cour suprême. Pressée par les Démocrates de s’expliquer sur l’avortement, les armes à feu ou l’avenir de l’Obamacare, la candidate a répété qu’elle ne se laisserait pas influencer par ses convictions personnelles ou religieuses pour rendre ses arrêts. Elle a également promis qu’elle ne serait pas "un pion" au service du Président.