L’Iran plus que jamais sur la défensive
Le président Hassan Rohani a semblé lâcher un peu de lest en indiquant que l’Iran reste prêt à négocier.
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Publié le 04-12-2019 à 22h13
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Le président Hassan Rohani a semblé lâcher un peu de lest en indiquant que l’Iran reste prêt à négocier.
La République islamique d’Iran apparaît plus que jamais sur la défensive. La contestation populaire qui cible les mollahs au pouvoir aux quatre coins du pays se déroule en parallèle à des mouvements similaires dans la région où son nom est vilipendé, tandis que les critiques internationales continuent de s’abattre sur Téhéran en raison de la sanglante répression qu’elle mène contre sa population. Pour la première fois depuis le début des événements le 15 novembre, le président Hassan Rohani a semblé lâcher un peu de lest en proposant de revenir à la table des négociations avec les grandes puissances nucléaires.
"Si les États-Unis sont prêts à mettre de côté leurs sanctions, nous sommes prêts à discuter et à négocier, même au niveau des dirigeants des pays du (groupe) 5+1" , a déclaré M. Rohani lors d’un discours retransmis par la télévision d’État. L’offre, faite en septembre en des termes similaires, semble toutefois ne plus conditionner l’existence de tels pourparlers à la levée préalable des sanctions rétablies l’an dernier par l’administration Trump suite au retrait des États-Unis de l’accord de Vienne de 2015 relatif au programme nucléaire iranien (JCPOA).
Les détracteurs de l’Iran pourraient voir dans la proposition du président Rohani l’amorce d’un premier résultat concret de la politique de pression maximale menée par Washington à l’égard de l’Iran. Mais ce serait sans compter le poids des effets inattendus de la contestation qui déferle dans les villes d’Iran. Sans compter aussi la menace de l’Union européenne de déclencher la procédure de résolution des litiges du JCPOA suite aux mesures répétées et récurrentes prises par l’Iran pour réduire volontairement ses engagements nucléaires. Cette menace, si elle était mise à exécution, serait susceptible de mener au renvoi de ce dossier devant le Conseil de sécurité de l’Onu, ce qui équivaudrait à la mort de l’accord pour l’Iran.
L’étendue de la répression
Dans une tentative d’exploiter cet accès de faiblesse iranien, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou s’est dit résolu à demander au Secrétaire d’État américain Mike Pompeo, qu’il devait rencontrer mercredi soir à Lisbonne, "d’accroître la pression" sur le pouvoir "vacillant" à Téhéran…
Maintenant que les autorités iraniennes ont rétabli peu à peu Internet (coupé durant plusieurs jours au début du mouvement), l’étendue de la répression apparaît peu à peu. Des vidéos postées sur les réseaux sociaux montrent des hommes armés sur les toits tirant sur la foule pacifique des contestataires. Le bilan mortel, qu’Amnesty International évaluait lundi à au moins 208 morts, devrait encore évoluer à la hausse. Surtout si des événements comme à Mahshahr (dans l’ouest de l’Iran, près de la frontière avec l’Irak) sont révélés. Là, les tirs des forces de l’ordre iraniennes ont probablement fait une centaine de morts le 18 novembre, ainsi que l’affirme le New York Times , qui évoque un bilan national total pouvant s’élever jusqu’à 450 morts. Signe du malaise que cela suscite jusque dans les cercles du pouvoir, un député originaire de cette ville, qui demandait des comptes à Hassan Rohani devant l’Assemblée islamique, a été réduit au silence par certains de ses collègues.