Plus de 370 enfants sont morts dans les camps du nord-est de la Syrie
Alors que les pays européens débattent de la question du retour des enfants nés dans le califat islamique et de leurs mères, la situation s’empire dans les trois camps du nord-est de la Syrie où ceux-ci se mêlent à des personnes déplacées. Inondations, manque de nourriture et violences à l’intérieur des camps sont devenus le lot quotidien, malgré les efforts des autorités kurdes.
Publié le 16-01-2020 à 13h07 - Mis à jour le 16-01-2020 à 14h36
Alors que les pays européens débattent de la question du retour des enfants nés dans le califat islamique et de leurs mères, la situation s’empire dans les trois camps du nord-est de la Syrie où ceux-ci se mêlent à des personnes déplacées. Inondations, manque de nourriture et violences à l’intérieur des camps sont devenus le lot quotidien, malgré les efforts des autorités kurdes.
Selon ces dernières, plus de 500 personnes, dont 371 enfants, sont décédées l’an dernier dans le principal camp de Al Hol où s’amassent environ 68 000 personnes. « La situation est catastrophique et c’est un fardeau très lourd », a expliqué à l’AFP Dalal Ismaïl, responsable du Croissant-Rouge kurde pour Al-Hol. La malnutrition et le manque de soins médicaux pour les prématurés figurent parmi les principales causes de mortalité, selon elle.
Le camp accueille en grande majorité des Syriens et des Irakiens, mais aussi des étrangers. Au total, il y aurait 12 000 étrangers – 4 000 femmes et 8 000 enfants – dans les trois camps. Avant l’offensive turque d’octobre dernier, il y avait, selon l’Institut Egmont, 69 enfants belges et 54 adultes belges (20 hommes et 34 femmes) détenus dans le nord-est de la Syrie.

Le gouvernement belge a rapatrié quelques orphelins, mais a refusé, comme le leur demandaient les autorités de la région autonome, de ramener les mères, accompagnées de leurs enfants. Ce n’est pas le seul pays européen qui traîne des pieds. Selon l’ONG Save The Children, moins de 350 enfants ont été rapatriés dans leur pays d’origine depuis le début de l’année dernière.
A l’intérieur des camps, la peur règne car des femmes radicalisées de l’État islamique menacent celles qui refusent d’être voilées complètement et ne demandent qu’une seule chose, c’est de rentrer chez elles. Il y a aussi dans ces camps des personnes déplacées par les combats contre Daech et qui n’ont pas participé activement à l’État islamique.
Le 8 janvier dernier, les forces de sécurité kurdes, les Asayish, ont retrouvé dans le camp d’Al-Hol le corps d’une femme, une réfugiée d’origine irakienne. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), cette femme aurait été tuée à l’aide d’un marteau et d’un couteau « parce qu’elle refusait d’appliquer l’idéologie de l’État islamique ».
Enfin, la nourriture est spartiate. Les difficultés pourraient encore s’accentuer depuis que le conseil de sécurité des Nations unies, à la demande de la Russie, a supprimé l’accès des convois humanitaires via le poste frontière de Yaaroubiya entre l’Irak et la Syrie. Près d’1,65 million de personnes – et pas seulement des détenus des camps - comptent sur cette aide alimentaire et médicale. Les autorités de la région autonome craignent que cette fermeture accentue leur dépendance par rapport à Damas, avec laquelle ils doivent négocier une réintégration dans l’État syrien.
L'ONU réclame le rapatriement des enfants de jihadistes étrangers
Des enquêteurs de l'ONU ont appelé jeudi les pays à rapatrier les enfants de jihadistes étrangers du groupe Etat islamique (EI) qui se trouvent en Syrie, y compris avec leurs mères.
Dans un rapport publié jeudi, la Commission d'enquête indépendante et internationale (COI) sur la Syrie, créée en 2011 par le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU, explique que nombre de ces enfants se trouvent en situation "particulièrement précaire" car ils ne disposent pas de document d'identité.
Nés dans des zones anciennement contrôlées par l'opposition syrienne, ces enfants peinent à obtenir leur enregistrement à l'état civil "car les documents fournis par les groupes armés ne sont pas reconnus par les autorités gouvernementales compétentes", détaille le rapport.
Les enquêteurs demandent aux pays d'origine des combattants étrangers de prendre "immédiatement des mesures pour simplifier l'enregistrement de leurs ressortissants nés en Syrie, dans le but ultime de les rapatrier dès que possible, ainsi que les personnes qui s'occupent d'eux".
Depuis la chute en mars du "califat" de l'EI proclamé en 2014, la communauté internationale est confrontée au casse-tête du rapatriement des familles des jihadistes capturés ou tués en Syrie et en Irak.
Les retours dans les pays occidentaux comme l'Autriche, l'Allemagne ou la France ont lieu au compte-gouttes.
La COI appelle les Etats à donner "la priorité au rapatriement des enfants non accompagnés".
"Les Etats ont des obligations bien définies de protéger les enfants, y compris contre l'apatridie. Ne pas respecter ces principes fondamentaux constituerait une dérogation claire à cette obligation", a noté Hanny Megally, membre de la COI dans un communiqué.
Lorsqu'elles sont présentes, "les mères devraient être rapatriées avec leurs enfants pour garantir le respect du principe de l'intérêt supérieur de l'enfant", souligne le rapport, qui demande aussi aux pays d'origine de ne pas priver les parents de leur nationalité.