Face à une contestation massive, la justice iranienne pourrait suspendre l'exécution de trois détenus
Le maintien de la peine de mort pour trois manifestants a suscité un tollé général.
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Publié le 16-07-2020 à 22h41 - Mis à jour le 16-07-2020 à 22h42
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Une importante mobilisation s’est formée sur les réseaux sociaux - pourtant soigneusement filtrés en Iran - depuis la confirmation de la peine de mort prononcée contre trois jeunes hommes ayant participé à la vague de contestation qui avait déferlé sur l’ensemble du pays à l’automne dernier. Sur Twitter, la levée de boucliers s’est opérée via le slogan #Do_Not_Execute, utilisé plus de 7,5 millions de fois en quarante-huit heures. Des foules d’anonymes et de personnalités iraniennes respectées et populaires (comme des acteurs, des joueurs de football) ont réclamé la clémence de leur justice à l’égard des trois jeunes contestataires. Le président américain, Donald Trump - jamais le dernier pour accabler le régime iranien -, s’est fendu mercredi d’un tweet soulignant que "l’exécution de ces trois personnes enverrait un message terrible au monde et ne devrait pas avoir lieu".
L’ampleur de cette indignation semble faire hésiter l’autorité judiciaire iranienne. Celle-ci a fait savoir mercredi soir qu’elle considérerait toute requête émanant des condamnés et visant à revoir leur peine, selon des informations de la BBC publiées initialement sur son site en persan.
Torture et traitement indignes
Mardi, la Cour suprême iranienne avait décidé de maintenir la condamnation à mort de Amirhossein Moradi, 26 ans, Saïd Tamdjidi, 28 ans, et Mohammad Radjabi, 26 ans, dont le journal réformateur Charq avait mentionné le nom. Ils avaient été arrêtés en novembre dernier lors des manifestations de masse ayant contesté le régime suite à l’annonce de la hausse des prix des carburants. La justice avait prononcé les peines de mort sur base "d’accusations ayant vaguement trait à la sécurité nationale", comme le souligne dans un rapport Human Rights Watch.
D’après leurs avocats, leur condamnation fait suite à une procédure "anormale", les trois hommes ayant reconnu que leurs aveux avaient été extorqués au terme de séances de torture et autres traitements indignes (comme l’exposition à des chocs électriques ou la suspension par les pieds durant de longues périodes).
Contexte tendu
La confirmation de la peine capitale à leur encontre est intervenue dans un contexte particulièrement tendu du fait de l’urgence sanitaire due à l’épidémie de Covid-19, qui tend à aggraver encore une crise économique et un isolement politique consécutifs au rétablissement des sanctions américaines en Iran.
Sur le plan des droits de l’homme, de nombreuses condamnations ont été annoncées ces dernières semaines. Le jour même de la confirmation des trois peines de mort, l’autorité judiciaire avait signalé l’exécution d’un employé du ministère des Affaires étrangères condamné pour trahison (ayant collaboré avec la CIA). Le 30 juin, la justice avait aussi annoncé la condamnation à mort d’un journaliste critique du régime, accusé d’avoir attisé les manifestations populaires qui avaient contesté le régime fin 2017 et début 2018.