En Iran, les Gardiens de la révolution se déchaînent contre un porte-avions américain
Des manœuvres militaires menées par l’armée idéologique du régime ont visé une réplique du vaisseau amiral de la flotte US dans les eaux du Golfe.
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- Publié le 29-07-2020 à 20h38
- Mis à jour le 30-07-2020 à 11h18
La République islamique d’Iran est une habituée des démonstrations de force, surtout lorsque son régime se trouve sous pression de toutes parts. Mais celle opérée cette semaine apparaît remarquable dans sa dimension symbolique, voire explicite. Les Gardiens de la révolution, le corps armé dédié à la défense du régime politico-religieux, ont mené des essais militaires qui ont pris pour cible une maquette géante d’un porte-avions. D’après les médias iraniens qui les ont rapportés, ces exercices se sont déroulés au large des côtes iraniennes du Golfe persique. C’est dans ces eaux que l’armée américaine a massé depuis l’an dernier une flotte de guerre, constituée d’au moins deux porte-avions. Soit le levier militaire du dispositif de pression maximale déployé par Washington contre le régime de Téhéran, accusé d’opérer des activités "néfastes" dans l’ensemble de la région.
Les images filmées lors de cette campagne d’exercices, baptisée "Grand prophète 14", ont montré un hélicoptère de combat tirer un missile sur la reproduction du navire amiral de la flotte américaine, sur le pont duquel seize maquettes d’avions avaient été disposées afin de rendre l’ensemble plus réaliste. Le missile a visiblement atteint le flanc du navire. L’on y a vu aussi la dépose par hélicoptère d’une cordée de commandos armés à même le faux tarmac…
Des exercices "dangereux et "irresponsables"
Les États-Unis ont qualifié de "dangereuse" et "irresponsable" cette démonstration de force iranienne organisée près du détroit d’Ormuz, par lequel passent quelque trente pour cent du trafic d’hydrocarbure dans le monde. La marine américaine a toutefois précisé que ces exercices n’avaient "pas perturbé les opérations de la coalition dans la région" et qu’ils n’avaient eu "aucun impact sur la libre circulation du commerce dans le détroit d’Ormuz et les eaux environnantes".
L’objectif de ces exercices militaires, outre le fait de tenter d’impressionner l’adversaire ou du moins de le dissuader de passer à l’action, relevait aussi de la coordination technique. L’Iran a, pour la première fois, pu superviser ses grandes manœuvres grâce aux moyens visuels et de télécommunication déployés par le premier satellite militaire iranien, mis sur orbite au printemps dernier par les pasdarans.
Selon des images diffusées à la télévision d’État, des forces terrestres et aériennes iraniennes se sont préparées à une attaque au large de cette côte située au sud-ouest du pays. Les exercices ont impliqué les forces navale et aérospatiale des Gardiens, d’après Radio Farda qui cite les médias iraniens. Cette radio américaine basée à Prague et diffusant en langue persane vers l’Iran rapporte les propos d’un général de brigade, et conseiller du guide suprême Ali Khamenei, tenus sur le réseau qatari Al Jazeera, selon lesquels la préparation d’une telle maquette ne constitue pas un message particulier… Sinon celui d’affirmer : "Nous vous frapperons en retour si vous nous frappez."
La maquette utilisée, précise encore Radio Farda, avait pourtant la forme d’un porte-avions de classe Nimitz, ceux habituellement envoyés dans le Golfe. Coïncidence ou non, précise la radio, l’USS Nimitz aurait fait son entrée la semaine dernière en mer d’Arabie, de l’autre côté du détroit d’Ormuz, en provenance de l’océan Indien.