Catastrophe de Beyrouth: tous les services du port connaissaient le danger que faisait courir cette cargaison
Les autorités du port, les services des douanes et des services de sécurité étaient apparemment au courant que des matières chimiques dangereuses étaient stockées au port.
Publié le 05-08-2020 à 22h20 - Mis à jour le 06-08-2020 à 08h59
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Selon des sources de sécurité, un incendie s’est déclaré dans le hangar numéro 12. Une unité des pompiers de Beyrouth est arrivée sur les lieux pour tenter de le circonscrire. Mais, en quelques minutes seulement, les flammes se sont rapidement étendues, provoquant d’énormes explosions.
Un service de sécurité révèle que des travaux de soudage avaient lieu sur l’un des portails du hangar. D’autres services ont préféré attendre les résultats de l’enquête.
Quelque 2 750 tonnes de nitrate d’ammonium entreposées sans mesures de précaution sont à l’origine de la déflagration.
Cette cargaison se trouve au port depuis 2013 sur décision judiciaire. À l’époque, le Rhosus, un navire battant pavillon moldave provenant de Géorgie, avait fait escale à Beyrouth au mois de septembre en raison de problèmes techniques alors qu’il devait relier le Mozambique, avec une énorme cargaison de nitrate d’ammonium dans ses cales. Le bateau s’est vu interdire de reprendre la mer après une inspection et a été abandonné peu après par ses propriétaires. Un des créanciers des propriétaires du navire a porté plainte devant la justice libanaise, qui a décidé de saisir le navire et sa cargaison.
Le quotidien libanais al-Akhbar dévoile, dans son édition de mercredi, que la Sûreté de l’État (SE) aurait mené une enquête il y a quelques mois à l’issue de laquelle elle a mis en garde contre le danger que représente la présence du nitrate d’ammonium sur le port de Beyrouth. Le directeur de la SE a présenté ce rapport lors de la réunion du Conseil supérieur de la défense alors que le directeur des douanes, Badri Daher, a exhibé six lettres qu’il a envoyées à la justice à ce sujet, demandant au juge des référés de réexporter le nitrate d’ammonium vers un État tiers ou de vendre la cargaison à un industriel. Dans le quotidien francophone L’Orient le Jour, M. Daher s’est défaussé d’une quelconque responsabilité dans cette affaire : “Nous avons alerté la justice à six reprises, entre 2014 et jusqu’à récemment, sur la nécessité de réexporter cette marchandise hors du pays, mais la justice ne nous a pas écoutés”, déclare-t-il. Il soutient également que cette affaire “relève des douanes, car cette marchandise était stockée dans un hangar du port de Beyrouth. Ces hangars sont dirigés et exploités par la direction du port. Et cette direction est sous la tutelle du ministère des Travaux”.
Mercredi, le gouvernement a réclamé l’assignation à résidence des personnes responsables de ce stockage.
“Pendez-les”
Sur Twitter, les internautes, sous le mot-dièse “Pendez-les”, ont commencé à crier leur colère contre la classe dirigeante accusée de ce drame inédit dans l’histoire du Liban. “Vous devez payer pour avoir brûlé le cœur des mères et l’avenir des jeunes et terrorisé les enfants”, a écrit l’un d’eux, sous les portraits des chefs politiques.