Gulbahar Haitiwaji, de retour de l’enfer des camps de rééducation chinois: "J’ai été emportée dans le tourbillon fou de la Chine"

Gulbahar Haitiwaji, ingénieure ouïghoure, a été envoyée en prison et en camp de rééducation au Xinjiang. Pour rien. Libérée, elle livre un témoignage de première main, malgré les risques encourus.

Gulbahar Haitiwaji, de retour de l’enfer des camps de rééducation chinois: "J’ai été emportée dans le tourbillon fou de la Chine"
©Emmanuelle Marchadour

Comment, à ceux qui l’aiment, raconter les chaînes aux pieds et aux poignets, la cagoule puante sur la tête, le bourrage de crâne, la malnutrition, la violence des policiers, les centaines d’heures d’interrogatoire, les injections d’on-ne-sait-quoi, le défilé de zombies aux visages cernés ? Gulbahar Haitiwaji est originaire du Xinjiang, la grande région de l’ouest de la Chine où les autorités communistes ont mis en place une politique de répression massive visant à "rééduquer" les Ouïghours, à les assimiler à la population dominante, à les acculturer. En ce 21 août 2019, elle vole vers la France, où l’attendent son mari, Kerim, et leurs filles, Gulhumar et Gulnigar. Elle ne les a plus vus depuis près de trois ans, piégée par la Chine, emprisonnée, envoyée dans un camp de rééducation, condamnée en neuf minutes, contrainte de signer de faux aveux, réduite à un numéro, le 9. "Par quoi faudra-t-il commencer ?", se demande-t-elle, alors que son avion approche de Paris, là où elle vivait tranquillement depuis dix ans avant son arrestation. Comment mettre des mots sur ces mois, ces années d’indicibles souffrances ? "‘Voulez-vous que je vous raconte ce qu’il m’est arrivé ?’ Oui, peut-être que je pourrais entamer mon récit ainsi."

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