Accusé de la flambée de l’épidémie, le variant indien inquiète : "Le plus préoccupant, c’est la vitesse à laquelle le virus se répand"
L’Inde est devenu le deuxième pays le plus touché au monde par le coronavirus avec 15 millions de cas depuis le début de la pandémie. Baptisé B.1.617, le variant indien est pointé du doigt comme responsable.
Publié le 20-04-2021 à 06h42 - Mis à jour le 24-04-2021 à 17h23
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Il est en train de devenir l’ennemi public numéro 1 en Inde. Les scientifiques l’ont baptisé B.1.617. Ce variant du coronavirus a été repéré dans le pays l’année dernière, mais c’est seulement maintenant qu’il fait parler de lui.
Beaucoup l’accusent d’être responsable de la flambée de l’épidémie en Inde où la deuxième vague atteint des proportions alarmantes. Le 18 avril, les autorités ont recensé 273 000 cas et 1619 décès, du jamais-vu. Le géant d’Asie du Sud a ravi au Brésil le titre de deuxième pays le plus touché au monde par le coronavirus avec 15 millions de cas depuis le début de la pandémie. "Le plus préoccupant, c’est la vitesse à laquelle le virus se répand. Pour le reste, les symptômes sont inchangés", constate Naveet Wig, chef de département au All India Institute of Medical Sciences de Delhi.
Anurag Agarwal, directeur de l’Institut de génomique et de biologie intégrative de Delhi, observe que les patients se plaignent, comme d’autres avant eux, "de maux de tête, de congestion nasale, de maux de gorge, de douleurs musculaires. On en voit atteint de diarrhée, comme ce fut le cas à New York l’an dernier. Et le climat étant chaud et sec cette saison, certains saignent du nez ou de la gorge parce qu’ils toussent ou éternuent davantage". Le mode de transmission, par les particules d’air ou par les gouttelettes émises quand quelqu’un éternue ou postillonne, a peu évolué. "On constate qu’avec le nouveau variant, il y a moins d’infections par les surfaces", complète Anurag Agarwal.

Les médecins restent optimistes
Les médecins indiens restent optimistes quant à l’efficacité des vaccins. Le pays a lancé sa campagne de vaccination le 16 janvier avec celui d’AstraZenecca-Oxford fabriqué à Pune, et celui de la firme indienne Bharat Biotech. Cent sept millions de personnes ont reçu au moins une injection.
Ceux qui en ont bénéficié n’ont pas développé de forme grave à en croire le professeur Arora, directeur du Conseil indien pour la recherche médicale : "Nous sommes en train de mener une étude sur des patients de plus de 44 ans au All India Institute of Medical Sciences de Patna. Nos premières observations indiquent que 95 % des gens admis aux urgences n’avaient pas été vaccinés." Lundi, les autorités fédérales ont décidé d’ouvrir la vaccination aux plus de 18 ans à partir du 1er mai alors qu’elle était jusque-là réservée aux personnes de 45 ans et plus.

Une insouciance parfois surprenante
Si le variant B.1.617 ne remet pas en cause l’utilité des vaccins et des masques, il se répand tellement vite que les pénuries de lits et d’oxygène se multiplient.
À New Delhi, les anecdotes abondent sur la difficulté à trouver une place dans un hôpital privé à moins d’avoir de solides contacts dans le corps médical et une bonne assurance santé. Malgré cela, la population fait preuve d’une insouciance parfois surprenante. À mesure que l’on parcourt les villages du nord du pays, la majorité des gens ne portent pas de masque. Les salles de sport dans la ville de Gurgaon, dans la banlieue de la capitale, continuent d’accueillir des clients qui font de l’exercice sans protection.
Début avril, le gouvernement fondamentaliste hindou a refusé d’interdire le pèlerinage de la Kumbh Mela qui a réuni des millions de personnes à Haridwar la semaine dernière, laissant voir des hordes de fidèles entassés le long du Gange, indifférents aux gestes barrières.
Des mesures contradictoires
L’Inde a pris des mesures contradictoires face à la deuxième vague. Au Maharashtra, les autorités ont décrété le confinement dans plusieurs districts, tout comme à Delhi où la population est confinée pendant une semaine à partir de lundi soir.
Mais le Premier ministre Narendra Modi continue de faire campagne pour les élections au Bengale occidental, s’extasiant samedi de voir les foules se presser à ses meetings : "Jamais je n’ai vu autant de monde", a-t-il lancé la mine réjouie.