Quelle attitude pour les Etats-Unis face à la Corée du Nord ? Donald Trump a compliqué la situation
Antony Blinken recadre la politique de Washington après les coups dans l’eau de Donald Trump.
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Publié le 04-05-2021 à 20h01 - Mis à jour le 10-05-2021 à 08h53
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Depuis que la guerre avec elle s’est clôturée en 1953 sans traité de paix, l’attitude à adopter à l’égard de la Corée du Nord a toujours été un casse-tête pour les États-Unis. Rangé aux côtés de l’URSS et de la Chine, le régime stalinien a pu être traité en ennemi durant la guerre froide, un paria d’autant plus facile à ignorer par Washington que son sous-développement durable ne lui valait aucun attrait économique.
La donne a changé avec la volonté des Nord-Coréens de se doter de l’arme atomique et de peser ainsi d’autant plus lourdement sur l’échiquier régional que leur pays se trouve au contact de quatre grandes puissances : Chine, Russie, Japon et, par Corée du Sud interposée, États-Unis. Les Américains doivent désormais contenir cette ambition qu’ils perçoivent à tort ou à raison comme une menace, et ils n’ont pour ce faire que deux options : le bâton ou la carotte.

Paradoxalement, en engageant un dialogue qui n’a mené nulle part malgré trois rencontres au sommet avec Kim Jong-un, Donald Trump a compliqué la situation et réduit la marge de manœuvre de son successeur. Il est devenu, en effet, beaucoup plus difficile pour Joe Biden d’imposer des sanctions et surtout de les faire appliquer par la Chine (une condition sine qua non car la survie du régime nord-coréen dépend du soutien chinois) maintenant que Pyongyang peut prétexter sa prétendue volonté de négocier.
Une diplomatie plus active
C’est le constat qui a visiblement inspiré la politique que la nouvelle Administration américaine entend mener, ainsi que son secrétaire d’État l’a présentée lundi aux partenaires du G7 réuni à Londres. La pierre angulaire, a souligné Antony Blinken, reste la négociation, en rompant avec le relatif immobilisme de l’ère Obama pour renouer visiblement avec l’esprit d’initiative manifesté par Bill Clinton à la fin de sa présidence (il envoya alors Madeleine Albright à Pyongyang, un voyage sans précédent).

L’écueil, c’est que Washington réclame toujours la dénucléarisation totale de la Corée du Nord. Or, si celle-ci se garde bien de le proclamer, il ne fait plus aucun doute que son intention est bel et bien de miser sur l’arme nucléaire pour jouer… à armes égales avec ses puissants voisins et garantir sa sécurité en cas de conflit. On voit donc mal ce qui pourrait être négocié si les États-Unis ne se résignent pas à ce fait désormais accompli.