En Arménie, des législatives à l'issue imprévisible ce dimanche

Les Arméniens ont voté dimanche lors de législatives anticipées risquées pour le Premier ministre, Nikol Pachinian, dont la popularité s'est effondrée après la récente défaite militaire face à l'Azerbaïdjan, au terme d'une campagne véhémente qui fait craindre un climat tendu après la publication des résultats.

Le président Armen Sarkissian a jugé inadmissible "d'inciter à la haine et l'inimité" et a appelé ses compatriotes à voter "justement et librement".
Le président Armen Sarkissian a jugé inadmissible "d'inciter à la haine et l'inimité" et a appelé ses compatriotes à voter "justement et librement". ©AP

L'ex-journaliste Nikol Pachinian, 46 ans, porté au pouvoir en 2018 par une révolution pacifique contre les vieilles élites corrompues, affronte l'ex-président Robert Kotcharian, 66 ans, qui accuse son rival d'incompétence et se pose en dirigeant expérimenté.

Les bureaux de vote ont fermé à 16H00 GMT et les premiers résultats sont attendus plusieurs heures plus tard.

"J'ai voté pour le développement de notre Etat et notre peuple, pour l'avenir de l'Arménie", a écrit le Premier ministre sur les réseaux sociaux, après avoir serré quelques mains à Erevan.

M. Kotcharian a lui été accueilli par des applaudissements à son arrivée au bureau de vote dans la capitale. "J'ai voté au nom d'une paix digne et de la croissance économique", a-t-il déclaré.

Si son parti n'obtient pas de majorité, M. Pachinian pourrait perdre son poste à l'issue du scrutin, sa popularité s'étant effondrée après la déroute d'Erevan durant la guerre contre l'Azerbaïdjan, voisin et ennemi juré, à l'automne 2020.

Après six semaines de combats ayant fait plus de 6.500 morts, l'Arménie a dû céder d'importants territoires qu'elle contrôlait depuis un première guerre avec Bakou dans les années 1990.

Les deux pays se disputent le Nagorny Karabakh, une région séparatiste azerbaïdjanaise majoritairement peuplée d'Arméniens.

Crise politique

Perçue comme une humiliation, cette défaite a déclenché une crise en Arménie, forçant Nikol Pachinian à convoquer des législatives dans l'espoir de renforcer sa légitimité.

Nombre de ses anciens partisans l'accusent d'être un "traître" pour avoir accepté un cessez-le-feu et se tournent désormais vers ses adversaires.

Après avoir obtenu plus de 70% de suffrages aux législatives de 2018, la formation de M. Pachinian n'est désormais créditée que de 25% des intentions de vote par le seul sondage disponible, derrière le bloc "Arménie" de M. Kotcharian avec près de 29%.

Trois autres partis, parmi les 25 formations en lice, ont des chances d'entrer au Parlement, selon cette enquête de l'institut MPG, affilié à Gallup International.

M. Pachinian a exhorté cette semaine ses compatriotes à lui donner un "mandat d'acier" et mis en garde contre "une guerre civile".

"Nous sommes une équipe qui, contrairement à l'administration actuelle, a de l'expérience, des connaissances, de la force et de la volonté", a de son côté lancé M. Kotcharian vendredi devant ses partisans à Erevan.

Président de 1998 à 2008 de cette ex-république soviétique pauvre et montagneuse, M. Kotcharian a été accusé de fraudes électorales par le passé et il est visé par une enquête sur des accusations de corruption.

Accusations de violations

A 17H00 locales, la participation a dépassé 38% contre presque 40% à la même heure lors des législatives de 2018.

"J'ai voté pour des frontières sûres", une "armée forte" et un "renforcement des relations avec la Russie", a déclaré à l'AFP Vardan Hovhannissian, un musicien de 41 ans. "Seul Kotcharian pourra le faire".

Anahit Sargsian, une ex-professeure de 63 ans, a voté "contre les vieilles méthodes", quand "des routes n'étaient construites que sur le papier et les fonds publics volés", et contre "des personnes intouchables auxquelles tout était permis".

"Si Nikol s'en va, tout cela va revenir", a-t-elle estimé.

La campagne électorale a montré une profonde division entre les deux camps et des observateurs s'attendent à des protestations, voire des violences après le scrutin.

Un rassemblement de supporters de M. Pachinian est attendu lundi soir à Erevan et ceux de Kotcharian pourraient également se réunir.

Le vote s'est déroulé dimanche globalement dans le calme, mais deux formations, dont celle de M. Kotcharian, ont dénoncé des violations.

Des observateurs de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) chargés de surveiller la transparence du scrutin, présenteront leurs conclusions préliminaires lundi à 11H00 GMT.

Environ 2,6 millions d'électeurs arméniens étaient appelés aux urnes pour élire au moins 101 députés pour cinq ans.

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