Wendy Sherman et les Américains tentent très laborieusement de renouer le dialogue avec les Chinois
Numéro deux du Département d’État, Wendy Sherman effectue dimanche à Tianjin la première visite de l’ère Biden.
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Publié le 23-07-2021 à 20h01 - Mis à jour le 23-07-2021 à 23h16
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Chinois et Américains vont essayer dimanche de renouer un dialogue difficile avec la visite de Wendy Sherman, la "numéro deux" du Département d’État. C’est la première fois qu’un haut responsable de la diplomatie américaine se rend en Chine depuis le changement d’Administration à Washington, et cela six mois après l’arrivée de Joe Biden à la Maison-Blanche - un délai remarquablement long s’agissant des relations entre les deux plus grandes puissances de la planète.
Encore cette visite, organisée à la demande des États-Unis, aurait-elle pu ne pas avoir lieu. Non mentionnée dans le programme initial, elle a été ajoutée à la tournée que Mme Sherman effectue au Japon, en Corée du Sud et en Mongolie. On en déduit que ses modalités, voire son opportunité, ont été discutées jusqu’au dernier moment.
Les entretiens de la secrétaire d’État adjointe se dérouleront, par ailleurs, non pas à Pékin, mais à Tianjin, une ville portuaire à une centaine de kilomètres de la capitale. Les autorités chinoises ont justifié ce choix par des considérations liées à l’épidémie de Covid-19. À défaut de comprendre pourquoi exactement, on imagine que le régime communiste a voulu donner à cette réunion de travail le caractère le moins solennel possible. On peut aussi y voir la réponse du berger à la bergère. Le premier contact de haut niveau entre le gouvernement chinois et l’Administration Biden s’était déroulé, le 18 mars, loin de Washington, à Anchorage en Alaska. Le nouveau secrétaire d’État, Antony Blinken, y avait reçu le grand patron de la diplomatie chinoise, Yang Jiechi, et le ministre des Affaires étrangères, Wang Yi.
Une femme d’expérience
Wendy Sherman n’en aura pas moins la possibilité de s’entretenir non seulement avec son homologue Xie Feng, le vice-ministre chinois des Affaires étrangères en charge des relations sino-américaines, mais aussi avec le ministre Wang Yi. Il faudra du talent à cette professeure à Harvard pour faire face, mais, à 72 ans, elle ne manque pas d’expérience puisqu’elle a travaillé au Département d’État pour Madeleine Albright, Hillary Clinton et John Kerry.
Mme Sherman est une spécialiste de la Corée du Nord. Toutefois, le dossier nucléaire qui, en d’autres circonstances, aurait figuré tout en haut des discussions entre Washington et Pékin, n’est plus qu’un problème relativement secondaire, tellement les rapports bilatéraux se sont dégradés dans presque tous les domaines. À la guerre commerciale déclenchée par Donald Trump, s’ajoutent notamment des accusations de cybercriminalité que le gouvernement américain a réitérées lundi à l’encontre des autorités chinoises.
Une volée de bois vert
Avant même son arrivée en Chine, Wendy Sherman a essuyé une volée de bois vert. Les Chinois lui reprochent d’avoir, de concert avec le vice-ministre japonais des Affaires étrangères Takeo Mori, qui la recevait mardi à Tokyo, dénoncé les visées expansionnistes de Pékin en mer de Chine, les pressions exercées sur Taiwan, et les violations des droits humains à Hong Kong et au Xinjiang.
La direction communiste prête à la secrétaire d’État adjointe des préjugés hostiles à la Chine. Le dialogue s’annonce donc d’autant plus compliqué que le débat sur les origines de l’épidémie de Covid-19 s’est réinvité dans le bras de fer entre les deux pays. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui, peut-être sous la pression de Pékin, en avait d’abord rapidement écarté la possibilité, voudrait maintenant relancer l’enquête sur une éventuelle fuite du virus dans un laboratoire de Wuhan. La Chine, qui crie au scandale, suspecte les États-Unis d’en être les inspirateurs.