Les étrangers appelés à quitter l’Afghanistan, 5 millions d’Afghans déplacés dans le pays
Six pays, dont la Belgique, veulent continuer à renvoyer de force des migrants en Afghanistan, où la situation humanitaire se dégrade. La plupart des Afghans sont déplacés dans leur propre pays. Cinq millions, selon l’Organisation internationale des migrations.
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Publié le 10-08-2021 à 21h03 - Mis à jour le 11-08-2021 à 19h43
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À Kaboul, depuis le 6 août, les ambassades occidentales recommandent à leurs ressortissants de quitter le pays le plus rapidement possible face à l’offensive éclair des talibans et ont fermé leurs consulats, orientant les demandes de visa vers leurs postes de Téhéran (Iran) et d’Islamabad (Pakistan).
Plusieurs pays, dont la France, ont organisé des vols spéciaux pour évacuer leurs ressortissants et demandent instamment à ceux qui restent de profiter des vols commerciaux qui subsistent, ceux de Turkish Airlines, d’Emirates ou des compagnies afghanes. Des ambassades ont fermé, comme celle de l’Australie ; d’autres, telle celle des États-Unis, maintiennent un personnel limité.
" Une trentaine de Belges sont en Afghanistan, la plupart étant des binationaux ", ont indiqué mardi les Affaires étrangères. La Belgique n'ayant plus d'ambassade à Kaboul depuis 2014, le suivi est assuré par le poste d'Islamabad, au Pakistan. "L'assistance consulaire est très difficile, voire impossible, à fournir ", précise le site des Affaires étrangères. Certaines organisations internationales se refusent pour le moment à rapatrier leur personnel international. C'est le cas notamment de MSF, qui a 55 expatriés dans ses différents centres médicaux du pays.
Pas d’émigration massive
Si les étrangers peuvent sortir d’Afghanistan, ce n’est pas le cas de la majorité des Afghans, qui n’ont ni les moyens de prendre l’avion, ni l’accès aux visas de type Schengen, ni même la possibilité de faire de longs trajets. Dès lors, pour le moment, c’est davantage à un déplacement de la population à l’intérieur du pays auquel on assiste qu’à une émigration massive comme le craignent les Européens.
"Il n'y a pas eu de déplacements massifs à travers les frontières de l'Afghanistan cette année ", a indiqué le 9 août le Haut Commissariat des réfugiés de l'Onu (UNHCR), qui se dit cependant très " inquiet de la rapide escalade du conflit ". L'Organisation internationale pour les migrations (OIM) évalue cependant à 40 000 le nombre d'Afghans réfugiés en Iran chaque semaine en juin, un chiffre à comparer avec les dizaines de milliers qui fuirent le pays lors de la guerre civile de 1992-1996, puis du régime des talibans jusqu'en 2001. Malgré des retours impressionnants au début des années 2000, près de 2 millions d'Afghans vivent encore au Pakistan et en Iran.
Ceux qui, à partir de l’Iran, prennent clandestinement le chemin de l’Europe sont généralement des hommes jeunes, parfois mineurs, capables de marcher pendant des jours sur des sentiers de montagne vers la Turquie. Pour endiguer cette migration, le gouverneur de la province de Van, Emin Bilmez, a annoncé fin juillet qu’un mur de 295 km de long allait être construit à la frontière irano-turque, doté d’une centaine de tours d’observation. Près de 3 000 policiers et militaires ont aussi été déployés. Mais pour le moment ce mur en béton n’est pas achevé et les réfugiés passent.
Cinq millions de déplacés dans le pays
En revanche, selon l’OIM, il y a actuellement plus de 5 millions de personnes déplacées dans le pays : des familles fuyant les combats, obligées de quitter leur maison et de dormir à l’extérieur. À cela s’ajoutent une troisième vague de Covid et une sécheresse, ce qui alarme toutes les organisations internationales.