Les talibans ont-ils changé ? Leurs promesses ne rassurent pas
Cette ambiguïté dans leur discours n’a pas échappé aux observateurs les plus sourcilleux.
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Publié le 18-08-2021 à 19h10 - Mis à jour le 19-08-2021 à 15h50
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Trois jours après leur prise de pouvoir à Kaboul, les talibans ont poursuivi leur stratégie de communication visant à rassurer la population et les observateurs étrangers, médusés par leur retour éclair dans la capitale afghane et effrayés par leur réputation brutale. Alors que les opérations d’évacuation des Occidentaux se poursuivaient à l’aéroport de Kaboul, les nouveaux maîtres de l’Afghanistan se sont échinés à répéter qu’ils avaient "changé" et "appris de leur premier exercice du pouvoir", entre 1996 et 2001. Les responsables du mouvement extrémiste sunnite, qui ont tenu leur première conférence de presse dans la capitale, ont soutenu qu’il y aurait de "nombreuses différences" dans leur manière de gouverner, même si idéologiquement "il n’y a pas de différence".
Cette ambiguïté dans leur discours n’a pas échappé aux observateurs les plus sourcilleux. Comme cette promesse qu’ils répètent à l’envi depuis la veille, selon laquelle les femmes pourront continuer à étudier et à travailler - ce qu’elles ne pouvaient pas faire durant leurs cinq années au pouvoir - pourvu que cela se fasse dans le cadre défini par les codes islamiques, à savoir leur interprétation rigoriste de la charia. Ainsi les Afghanes auront-elles l’obligation de porter le hidjab (voile), donc pas forcément la burqa traditionnelle, puisque celle-ci n’est pas "le seul voile qui peut être porté", ont-ils précisé…
Très peu de femmes avaient déjà fait le choix de se promener dans les rues de Kaboul, comme le constatait mardi la journaliste américaine Clarissa Ward, de CNN. Elle indiquait qu'on allait en voir de moins en moins parce qu'elles sont effrayées et incrédules quant aux promesses rassurantes des talibans, compte tenu de leurs comportements passés et ceux en vigueur ces dernières années dans les régions qu'ils contrôlaient. Dans ses reportages, des tirs sont audibles et l'on voit des hommes "barbus" balancer vigoureusement des bâtons devant eux pour se frayer un passage dans la foule, avec une intention manifeste de frapper les gens.
"Tous ceux qui sont dans le camp opposé sont pardonnés de A à Z. Nous ne chercherons pas à nous venger", ont encore indiqué les talibans à l’attention des fonctionnaires et des responsables du régime déchu.
L’ex-président Ashraf Ghani n’a, pour sa part, plus rien à craindre. Il a trouvé refuge mercredi aux Émirats arabes unis, qui ont annoncé l’avoir accueilli avec sa famille "pour des considérations humanitaires". Sa fuite d’Afghanistan, dimanche, afin d’"éviter un bain de sang" avait-il précisé, l’avait d’abord mené au sultanat d’Oman, après que le Tadjikistan eut refusé l’atterrissage de son avion sur son territoire.