Qui est Zarifa Ghafari, première maire afghane et cible des talibans ?
Jusqu’alors symbole de la nouvelle place des femmes dans la société afghane, sa vie est désormais en danger.
Publié le 18-08-2021 à 17h34 - Mis à jour le 19-08-2021 à 15h50
/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/W4SBSI2IIVF3DGGOOHETKHNHJE.jpg)
"Je suis assise ici à attendre qu'ils (les talibans) viennent […] Et ils viendront pour des gens comme moi et me tueront. Je ne peux pas quitter ma famille. Et, de toute façon, où irais-je ?" s'est émue Zarifa Ghafari alors que Kaboul tombait aux mains des talibans.
À 29 ans, la jeune femme, titulaire d’une maîtrise d’économie, est depuis plusieurs années une cible de choix.
La raison ? En juillet 2018, Zarifa Ghafari est nommée, par décret présidentiel, maire de la ville de Maydan Shar, capitale de la province du Warkad, située à une quarantaine de kilomètres au sud de Kaboul. "J'étais la seule femme candidate parmi 130 hommes", expliquera-t-elle.
À l’époque, Zarifa Ghafari n’est pas la première femme occupant un tel poste administratif.
En revanche, elle devient la première femme maire dans cette région d’Afghanistan. Une prouesse d’autant plus exceptionnelle que la province du Warkad est réputée pour son soutien indéfectible aux talibans.
Dès lors, une fois la prise de poste officialisée, sa situation se détériore rapidement. Pour des raisons de sécurité, Zarifa Ghafari est obligée de faire quotidiennement le trajet depuis Kaboul pour rejoindre sa mairie. Les tentatives d’assassinat à son égard se multiplient, sans succès.
Les talibans cherchent par tous les moyens à la faire renoncer à ses fonctions de premier édile.
Ainsi, son père, général au sein des forces spéciales afghanes, est assassiné en 2020 par un commando tueur.
Malgré cette frénésie sordide, la mère de famille refuse d’abdiquer. Militante engagée, son parcours est un moyen de susciter des vocations et participe à émanciper la place de la femme dans la société afghane.
Son combat, notamment porté par son organisation non gouvernementale, est reconnu bien au-delà des frontières du pays.
En 2019, elle figure parmi les 100 femmes les plus inspirantes recensées par la BBC. L’année suivante, elle reçoit le prix international de la femme de courage, décerné par le département d’État américain.
Néanmoins, depuis le dimanche 15 août, l’absence de nouvelles de sa part laisse présager le pire pour celle qui se voulait être utile à son pays, quitte à y risquer sa vie.